Coïto ergo sum. Vif et ludique quand il traite de la passion amoureuse, Post-coïtum faiblit ensuite dans sa phase dépressive. Le titre colle parfaitement au film, résumant avec humour son sujet. L’animal, c’est Diane, une femme dans la quarantaine, installée avec mari et enfants dans un appartement cossu lui est avocat, elle travaille dans […]
Coïto ergo sum. Vif et ludique quand il traite de la passion amoureuse, Post-coïtum faiblit ensuite dans sa phase dépressive.
Le titre colle parfaitement au film, résumant avec humour son sujet. L’animal, c’est Diane, une femme dans la quarantaine, installée avec mari et enfants dans un appartement cossu lui est avocat, elle travaille dans l’édition. Le coïtum en question ne viendra pas du lit marital, mais d’ailleurs, d’un beau Latino ténébreux de vingt ans son cadet, Emilio. Brigitte Roüan a voulu raconter le sentiment de la passion, en la faisant vivre par une femme dont l’âge a commencé de marquer irrémédiablement le visage et la texture du corps. Cette rencontre va ranimer une sexualité endormie auprès de son mari, et comme un animal dans un rai de lumière, l’extérieur va tomber dans l’ombre. Comme une adolescente, elle va courir aux rendez-vous, retrouver la honte de dénuder son corps, la maladresse, le rouge aux joues. Elle s’engouffre dans la double vie, la passion et les mensonges. Roüan traite son sujet dans une tonalité légère et sensible, sa Diane chasseresse aveuglée est plutôt attachante et drôle.
Autour de cet axe central se rattachent la figure de François, un jeune auteur en état « d’impuissance créatrice » dont elle est l’éditrice et qu’elle materne pour l’accoucher de son second roman, et un fait divers : la boulangère du quartier qui assassine son mari, après quarante-trois ans de vie commune. Les trois ramures passionnelles du film s’entrecroisent et se traversent avec vitalité, le rythme est enlevé et soutenu, la mise en scène ludique, le ton décalé, fantaisiste. Roüan réussit à faire exister ses personnages, parvenant à lier la comédie et le drame. Mais le bel hidalgo n’est qu’un mirage. Le mirage disparu, Diane va tomber en chute libre.
La seconde partie du film plonge alors dans les méandres de la dépression avec le personnage de Diane, qui s’avère moins convaincante et maîtrisée que la première. Roüan ne parvient pas à éviter les clichés, parce qu’elle ne pousse pas la situation dramatique de son personnage de l’intérieur : son désespoir ne transpire que par signes extérieurs, par l’anecdotique (les scènes de soûlerie, les cernes sous les yeux et les cheveux en pétard…). Même la scène devant la glace où Diane/Roüan contemple son visage, sa peau, ses seins nus manque de fragilité, de cruauté, de peur, de haine de soi. Alors que Catherine Breillat (réalisatrice à l’univers certes beaucoup plus violent, souterrain, névrotique, chargé) donnait toute l’envergure à ses personnages et à son sujet tiré d’un fait divers dans Parfait amour !, Brigitte Roüan reste en deçà de son film. Lequel se met à tourner en rond, à s’asphyxier, à perdre de sa séduction en même temps que son héroïne perd la sienne. Il se vide scène après scène, de tout ce qu’il était parvenu à amasser dans un premier temps. Et l’intensité des sentiments se transfère au personnage du mari, joué très justement par Patrick Chesnais.
Sophie Bonnet
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}