Des airs de Derrick enquêtant sur le satanisme, filmé à la manière de The Kingdom : Possessed fiche la frousse. La distribution tardive de Possessed annihile ses prétentions millénaristes mais bon… Même si l’échéance est passée, ce film d’horreur danois gagne son pari : ficher la frousse en traitant sur le mode du fait divers […]
Des airs de Derrick enquêtant sur le satanisme, filmé à la manière de The Kingdom : Possessed fiche la frousse.
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La distribution tardive de Possessed annihile ses prétentions millénaristes mais bon… Même si l’échéance est passée, ce film d’horreur danois gagne son pari : ficher la frousse en traitant sur le mode du fait divers médical un scénario-remake de La Malédiction. Un virologue tente d’enrayer un début d’épidémie originaire de Roumanie. De son côté, la police pourchasse un terroriste mystique, dernier membre d’une secte antisatanique qui sème des bombes artisanales. Nous sommes fin 1999, l’Antéchrist prépare son come-back. Produit par Zentropa, la société détenue à 50 % par Lars von Trier, ce thriller fantastique est sans rapport avec le fameux Dogme, puisqu’il enfreint le huitième commandement jugeant le cinéma de genre inacceptable. Vieillot, voire moche, Possessed ressemble à une enquête de Derrick sur le satanisme filmée par un épigone de The Kingdom. Décors sinistres de morgues et de laboratoires, lumières blafardes et néons pisseux, ambiances glauques à souhait… Bref, de quoi susciter l’angoisse et le malaise davantage que les effets pyrotechniques et l’esthétisme léché d’Hollywood. Idéologiquement, cette danoiserie évolue dans les mêmes ornières douteuses que celles du pape Trier, entre un Danemark à la propreté clinique et une Roumanie visitée comme le trou du cul de l’Europe, avec ses hôpitaux lépreux et ses paysans orthodoxes abrutis par l’obscurantisme religieux. Mais par-dessus tout, Possessed offre le plaisir de retrouver le magnétisme intact d’Udo Kier. Avec Howard Vernon ou Lou Castel, Udo Kier appartient à cette confrérie imaginaire d’acteurs dandies capables d’illuminer un navet de leurs simples présences et dont les filmographies hétéroclites, traversées de chefs-d’œuvre sulfureux comme de croûtes improbables, en disent long sur leurs personnalités excentriques et leurs talents hors normes. Ainsi, le visage statuesque de l’huysmansien Kier hanta-t-il en icône ténébreuse le cinéma européen arty, trashy et sexy des années 70, traversant films gore et porno-soft décadents (Spermula), avant de poursuivre une carrière erratique, caméo de superproductions hollywoodiennes et guest star de séries Z, devenu l’élu de Van Sant et de von Trier. Comme Conrad Veidt, Udo Kier est un acteur d’essence fantastique. Vrai « possessed », il rend extraordinaire un rôle stéréotypé de chasseur de démons. Après avoir joué aux goules (il fut un Dracula inoubliable et définitif pour Morrissey), il prouve sur le retour qu’il a aussi l’étoffe d’un Van Helsing.
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