Avec Portraits chinois, Martine Dugowson décline les thèmes et l’univers de Mina Tannenbaum à la fois en les élargissant (une dizaine de personnages principaux au lieu de deux) et en les resserrant (les faits se déroulent sur deux ou trois ans et non plus une vingtaine d’années). Soit une dizaine de copains et copines, leurs […]
Avec Portraits chinois, Martine Dugowson décline les thèmes et l’univers de Mina Tannenbaum à la fois en les élargissant (une dizaine de personnages principaux au lieu de deux) et en les resserrant (les faits se déroulent sur deux ou trois ans et non plus une vingtaine d’années). Soit une dizaine de copains et copines, leurs atermoiements sentimentaux, leurs croisements amoureux et professionnels, leurs réussites et leurs échecs, leur être et leur paraître… Le tissage indémêlable entre mensonges sociaux et vérités de sentiments, entre la vie et ses simulacres (les personnages travaillent tous dans des métiers liés au spectacle), la façon de les regarder en mêlant la comédie au drame et en utilisant des couleurs vives et contrastées comme écho aux paysages intérieurs des personnages, tout cela fait un peu penser à certains mélodrames de Vincente Minnelli, des Minnelli qui arriveraient chez Dugowson après un crochet par la comédie italienne des années 70 (la douceur amère de Portraits chinois évoque par exemple le Nous nous sommes tant aimés d’Ettore Scola). Mais pour être digne de Minnelli sans se contenter de le singer en moins bien, il faut se lever de très bonne heure. Malgré toute l’ambition romanesque de Dugowson, malgré les réels dons de coloriste de son chef-op, on a d’abord beaucoup de mal à s’intéresser à ce qui se passe sur l’écran. Au fur et à mesure, la dramatisation des enjeux et le surgissement des conflits nous arrachent à notre semi-somnolence et le film claudique vaille que vaille entre scènes réussies (la crise de jalousie de Marie Trintignant, la plupart des apparitions d’Elsa Zylberstein…) et scènes ratées (la digression maladroite sur le procès Papon, la parenthèse sur les critiques dont on ne sait trop s’il faut la prendre au premier ou au second degré, en rire ou en pleurer…). Au bout du compte, on se retrouve avec un objet curieux, vaste projet romanesque plutôt daté, qui n’invente pas grand-chose mais recycle avec plus ou moins de talent des thèmes et figures éternels. Malgré tout, quelques séquences arrivent à prendre corps, essentiellement grâce aux comédiens : on retiendra l’ambiguïté de Jean-Philippe Ecoffey, la forte présence de Marie Trintignant (qu’on aimerait bien voir plus souvent, et en tête d’affiche) et l’irrésistible tempérament comique d’Elsa Zylberstein.
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