La passion étouffée entre une peintre et son modèle dans la France de 1780. Une mise en scène rigoureuse et tenue, mais un peu trop didactique.
Marianne (Noémie Merlant, fantastique), une jeune peintre de la fin du XVIIIe siècle, est engagée pour faire le portrait d’une jeune noble qu’on va forcer à se marier avec un homme qu’elle ne connaît pas. Or Héloïse, de colère, s’oppose à ce qu’on la peigne.
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Alors sa mère (merveilleuse Valeria Golino) invente un stratagème : elle demande à Marianne de se faire passer pour une femme de compagnie, de l’observer, et de peindre son portrait en cachette. Marianne et Héloïse sympathisent peu à peu.
https://www.youtube.com/watch?v=tBUvm7oWC0I
Mais le jour où elle a achevé son portrait, Héloïse lui reproche d’avoir peint un tableau académique et sans vie. De rage, Marianne efface son visage du tableau. La mère d’Héloïse lui donne cinq jours pour refaire son tableau. Et tout commence ici.
Une forme tenue…
La mise en scène de Céline Sciamma est très tenue, très précise, l’image superbe, le récit rondement mené. Elle permet à la cinéaste de développer un discours sur l’art comme consolation, de décrire la condition féminine, qui trouve son apogée dans quelques scènes magnifiques : l’avortement de la domestique d’Héloïse, le tableau qu’en tire Marianne, le pasage où des femmes du peuple chantent ensemble sur une plage, etc.
Le film regorge dans son ensemble d’images fulgurantes, comme celle où la robe d’Héloïse prend soudainement feu. On retrouve aussi un thème très fort du cinéma de Sciamma (et de ses scénarios pour d’autres réalisateurs) : celui de l’humiliation qui ne peut être réparée qu’en humiliant en retour.
…mais un peu froide
D’où vient alors que le film nous déçoive légèrement ? Il lui manque un peu de chair, d’érotisme, de lâcher-prise. Les dialogues surlignent parfois ce que la mise en scène exprime seule Comme si Sciamma avait réussi à petites touches le tableau dans les règles de l’art, mais n’avait pas tout à fait atteint – ambition noble ! – le chef d’œuvre qu’elle visait : fou, passionné, libre.
Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, avec Noémie Merlant, Adèle Haenel, Luàna Bajrami (France, 2019, 2h00)
Sélection officielle, compétition
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