Un film plus grinçant qu’il n’y paraît, qui subvertit ironiquement la comédie classique hollywoodienne.
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Ni le pitch, ni le synopsis, ni la bande-annonce ne laissent présager ce film étrange qui contredit sa reconstitution manucurée des années 50 et ses poses et postures empruntées à un cinéma hollywoodien dont Régis Roinsard est manifestement adepte. Le cinéaste-scénariste avoue qu’en écrivant cette histoire d’une oie blanche de Lisieux poussée par son patron assureur à devenir championne du monde de dactylographie, il ne savait “pas du tout si le film prendrait le chemin d’un drame ou d’une comédie”.
À l’arrivée, ce n’est toujours pas très clair. Le film avance masqué derrière ses couleurs pimpantes et ses séquences rythmées, qui pourraient ressembler de loin à celles d’une comédie romantique à la Richard Quine. Pourtant, la rudesse, voire la brutalité de Louis Échard (Romain Duris) à l’égard de sa championne ne sont pas une coquetterie de séducteur macho. Si l’oie blanche aimerait tomber dans les bras de son patron et oublier ces concours ineptes, Échard, lui, est littéralement possédé, transformant l’entraînement de la jeune fille en torture. Le culot, c’est de jouer la méchanceté au premier degré (elle explose avec les personnages du père et du fils Japy, rois cyniques de la machine à écrire). Le sexe est métaphorisé par la machine à écrire, objet fétichisé, qui devient un substitut, une prothèse SM. On est alors plus près de Crash et du Festin nu que de la comédie américaine ; la machine devient la condition sine qua non de la jouissance.
Une relation amoureuse normale est inenvisageable pour ce patron dont la misogynie n’est pas une feinte. Le happy-end ne peut être considéré que dans le cadre hystérique du concours de dactylo – et encore, il tombe comme un cheveu sur la soupe. Autrement dit, ce film qui brandit avec ambiguïté l’adjectif “populaire” est une vraie surprise. Un fac-similé soigné du cinéma hollywoodien des années 50 certes, mais qui en dévoie effrontément l’esprit en transformant le jeu de la séduction en simulacre.
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