Après son récent sacre aux Oscars, la réalisatrice américaine de Démineurs provoque l’indignation en Amérique du Sud.
Le cinéma peut parfois déchaîner les passions, y compris celle des hommes politiques. C’est le cas du prochain film de Kathryn Bigelow, Triple frontière, dont le tournage est prévu fin 2011. Le pitch définitif du nouvel opus de la réalisatrice américaine récemment récompensée par l’oscar du meilleur film pour Démineurs n’est pas encore connu mais a provoqué cette semaine l’indignation en Argentine et au Paraguay. Les deux pays ont fait savoir qu’ils refusaient de collaborer à sa production.
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Au cœur de la polémique, le sujet même du film. Triple frontière, écrit par Mark Boal (déjà scénariste de Démineurs), traitera des affaires de drogue et des trafics terroristes dans la région limitrophe du Brésil, du Paraguay et de l’Argentine. Un thème qui, selon le ministre du tourisme argentin Enrique Meyer, « essaie de présenter négativement une région commune à trois pays sud-américains ».
La triple frontière, cible des Etats-Unis
Liz Cramer, la ministre paraguayenne du tourisme, s’est elle aussi exprimé. «Ils veulent nous salir comme si nous étions les méchants. Ce serait stupide de collaborer avec des étrangers qui viennent te dépeindre comme la plus grande ordure de la planète », a-t-elle déclaré. Selon elle, il y a « suffisamment de thèmes dans le monde pour faire un film. Kathryn Bigelow devrait plutôt se pencher sur les 8000 exécutions à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis ».
Cette irritation des autorités concernées n’est pas anodine. Considérée comme un important point de contrebande de marchandise, la triple frontière est aussi la cible de rapports du gouvernement américain. Pour eux, la région représente un centre de financement des groupes terroristes islamistes, ce que démentent fermement les trois pays concernés.
Le Brésil divisé
Les autorités brésiliennes de leur côté, adoptent une toute autre attitude, plus optimiste. Carlos Duso, de la municipalité de Foz do Iguaçu, a déclaré que sa ville était prête à soutenir le projet. «New York a été détruit des milliers de fois au cinéma et cela n’a pas changé l’image de la ville», explique-t-il sur le site brésilien G1. Un avis que ne partage pas les organismes professionnelles de tourisme de cette ville. Mercredi, certains d’entre eux ont interpellé les gouvernements du Brésil, de l’Argentine et du Paraguay, a indiqué Europe 1.fr. Leur volonté : obtenir un démenti officiel des Etats-Unis sur l’existence présumée de cellules terroristes à la frontière.
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