Roman Polanski n’ira finalement pas à Locarno. Dans un communiqué, le réalisateur franco-polonais dit renoncer à sa participation à la 67e édition du festival suisse pour ne pas réveiller les tensions. Son programme y était pourtant chargé.
Le réalisateur du multi récompensé Pianiste (Palme d’Or et trois Oscars) était censé recevoir un prix pour récompenser l’ensemble de sa carrière, présenter une masterclass aux jeunes réalisateurs et projeter son dernier film, La Vénus à la fourrure.
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Mais depuis le début du Festival de Locarno (6 août), Carlo Chatrian, son directeur artistique, fait face aux critiques de la presse concernant la participation de Roman Polanski. Le réalisateur a finalement décidé de ne pas se rendre sur la Piazza Grande et l’a annoncé dans une lettre au festival:
« Chers amis, je suis désolé de vous informer que, compte tenu des tensions et controverses provoquées par ma venue chez les personnes qui y sont opposées, comme je respecte leurs opinions, je dois annuler cette visite à contre-cœur. Je suis profondément attristé de vous décevoir ».
Toujours poursuivi par la justice américaine depuis 1977 pour abus sexuel sur mineur, Polanski traîne cette affaire depuis plusieurs décennies. Le cinéaste franco-polonais, qui fêtera bientôt ses 81 ans, n’était d’ailleurs pas revenu en Suisse depuis son arrestation puis sa résidence surveillée à Gstaad en 2010. Sous le coup d’un mandat d’arrêt international américain, la justice l’avait finalement remis en liberté pour cause de dossier d’extradition insuffisant.
Mettre fin à la polémique
Son invitation à Locarno était donc un événement attendu, d’autant plus que Polanski se faisait discret. Une venue qui n’était cependant pas vue du bon œil par tout le monde : plusieurs élus suisses se sont soulevés sur les réseaux sociaux.
Ainsi, le député Fiorenzo Dado, du Parti démocrate-chrétien (PDC), écrivait sur son compte Facebook le jour de l’ouverture du Festival : « Aujourd’hui s’ouvre un festival qui honore un pédophile ». Il ajoutait de manière plus générale : « Nous attendons sur la Piazza Grande le triste et habituel cortège de salamalecs et baise-mains de la part des autorités et des fayots de premier plan. »
Une fronde rejointe par la droite nationaliste, notamment l’Union démocratique du centre (UDC). Le parti a demandé à ses députés au parlement cantonal de ne pas honorer l’invitation à la cérémonie de remise d’un prix à Polanski.
Le réalisateur a donc fini par renoncer. Et Carlo Chatrian a commenté la nouvelle avec tristesse dans une vidéo : « Aujourd’hui, le soleil brille sur Locarno, mais pour moi c’est la journée la plus sombre depuis que je dirige le festival ». Avant de dénoncer « la violence verbale et la manipulation de la réalité » qui caractérisent selon lui ces attaques.
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