Jeu de l’oie dans Santiago du Chili : un premier film aussi volatile qu’incongru.
Alicia Scherson, qui a suivi le même cursus que Miranda July (Moi, toi et tous les autres) en débutant par le cinéma expérimental, prend un chemin aussi naïf et ludique dans son premier long métrage. L’histoire d’une jeune Indienne, Cristina, qui trouve un sac et en suit le propriétaire (à la manière de Sophie Calle), architecte à la dérive, dans Santiago du Chili. S’immisçant dans la vie des uns et des autres, Cristina vit par procuration dans une sorte de “twilight zone” où réel et imaginaire se mêlent. Indienne mapuche, elle incarne la quête d’identité de son peuple, qui tente d’exister en regardant les “Blancs” comme des miroirs. Cela se traduit par un brouillage parfois anecdotique et envahissant. Exemple entre mille : l’identification de Cristina aux héroïnes de jeux vidéo dans une scène irréelle où elle prend la défense d’un enfant admonesté par sa mère. Non seulement Cristina se transforme en méchante kick-boxeuse, mais le film adopte à ce moment un tramage reproduisant celui du petit écran. Artifice parmi d’autres qui émaillent ce film tourné en vidéo haute définition. Un format qui par essence se prête facilement aux manipulations de toutes sortes, auxquelles Alicia Scherson ne résiste pas. Ces jeux graphiques sont une manière d’être fidèle au titre du film. Mais cette légèreté a le défaut des bulles de savon : leurs irisations fascinent un quart de seconde, puis elles s’évanouissent.
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