Une comédie qui confronte un journaliste malin et de riches oisifs. Des dialogues-mitraillettes pour un Capra brillantissime. De la longue carrière de Frank Capra n’émerge trop souvent que la série de films qui va de New York-Miami (1934) jusqu’à La Vie est belle (1946). A l’exception de quelques titres de sa collaboration avec Harry Langdon […]
Une comédie qui confronte un journaliste malin et de riches oisifs. Des dialogues-mitraillettes pour un Capra brillantissime.
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De la longue carrière de Frank Capra n’émerge trop souvent que la série de films qui va de New York-Miami (1934) jusqu’à La Vie est belle (1946). A l’exception de quelques titres de sa collaboration avec Harry Langdon (Plein les bottes, Sa dernière culotte), sa période muette et ses premiers films parlants restent un continent englouti. La réédition de Platinum blonde (1931) est donc un événement. En 1928, la Columbia est un studio minable. Dans une pagaille indescriptible, Harry Cohn produit à la chaîne des navets qui coûtent une poignée de dollars et n’en rapportent guère plus. Il engage Capra non pas pour son talent, mais parce que son nom est le premier sur la liste des réalisateurs au chômage. Cette embauche rocambolesque se révélera être un coup de génie puisque Capra réussira le prodige de transformer à lui seul l’usine à nanars en grand studio respecté. Ses compétences techniques lui permettent de bien négocier le passage du muet au parlant et il aligne les succès commerciaux jusqu’à The Miracle woman, où il commet l’erreur fatale de s’en prendre à la religion. Sa Grossièreté? Harry Cohn, comme le surnomme Capra, commence à mettre en doute la fiabilité de son poulain. Mais celui-ci connaît les règles du jeu et réagit aussitôt ? Faites un film qui casse la baraque vous êtes la coqueluche des salons et des cocktails. Faites un bide ? vous payez vos consommations. Faites deux bides et plus personne ne veut vous servir. Je ne pris pas de risques et jouai gagnant avec une comédie appelée Platinum blonde.?
Capra et ses deux collaborateurs favoris, Jo Swerling et Robert Riskin, reprennent le canevas et les personnages d’un succès de Broadway écrit par le tahdem Hecht/Mac Arthur: The Front page, qui inspirera plus tard Hawks (His girl Friday), puis Billy Wilder. Leur idée est de confronter la figure déjà classique du journaliste malin qui parle aussi vite qu’une mitraillette aux oisifs de Long Island. Un peu comme si les pouilleux de Columbia s’introduisaient sur un plateau de la prestigieuse Paramount pour y semer le désordre et la consternation. Envoyé chez les riches pour enquêter sur leurs mœurs dissolues, le petit reporter succombe aux appas de Jean Harlow, la blonde platine du titre. En l’épousant, il devient un simple animal de compagnie et la cible des railleries de ses ex-confrères. Comme James Stewart dans Monsieur Smith au Sénat, il résiste à l’humiliation par la seule force de son verbe et multiplie les répliques cinglantes qui rendent le film hilarant.
Avec un rare sens de l’espace, Capra montre tout le ridicule d’une maison si vaste qu’on ne peut s’y entendre, au propre comme au figuré. Il oppose la vie grouillante et survoltée du journal à celle, stérile et figée dans ses convenances, de la haute société. Ce contraste passe par les deux femmes du film, toutes deux amoureuses du même homme mais dans des registres antagonistes. Autant Jean Harlow est une prédatrice, une poupée capricieuse et bouffie de suffisance, autant Loretta Young représente la femme idéale que Capta décline dans tous ses films. Garçonne, presque androgyne, elle est très proche de la femme hawksienne. En revanche, elle doit sans cesse affirmer sa féminité auprès d’hommes qui la considèrent comme un simple copain de comptoir. Le héros mettra quatre-vingt-deux minutes à s’apercevoir qu’elle est une femme et qu’il l’a toujours aimée. Quatre-vingt-deux minutes d’angoisse pour la pauvre jeune fille, quatre-vingt-deux minutes de bonheur total pour le spectateur.
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