Bien qu’affilié à la maison Disney, John Lasseter, loin d’être un simple technicien de pointe du dessin animé en 3D, conserve une impertinence et un sens de la citation qui permet de le classer dans le camp des potaches persifleurs à la Joe Dante. D’accord, dans ses grandes lignes, la trame de Toy story 2 […]
Bien qu’affilié à la maison Disney, John Lasseter, loin d’être un simple technicien de pointe du dessin animé en 3D, conserve une impertinence et un sens de la citation qui permet de le classer dans le camp des potaches persifleurs à la Joe Dante. D’accord, dans ses grandes lignes, la trame de Toy story 2 n’a aucun intérêt : les aventures boy-scout d’une bande de jouets qui partent tirer la figurine Woody le cowboy des griffes d’un vilain et cupide collectionneur. Mais si l’on s’attache plus en détail à ses innombrables péripéties, Toy story 2 est une mine d’inventions – et pas seulement plastiques -, de drôlerie, et bien plus. Si l’esthétique du film tient à la fois du pop art et de l’hyperréalisme des années 70, on y trouve en filigrane une intéressante réflexion sur l’art moderne : satire de la collectionnite aiguë et de l’esprit de lucre animant les spéculateurs, dérision d’une société créativement stérile où tout et n’importe quoi, y compris des jouets en plastique, devient muséographiable. Ces joujoux sont, en outre, des cousins de l’homme rétréci de Jack Arnold : une banale excursion urbaine devient pour eux une aventure dantesque, qu’ils surmontent avec un sens ludique et subversif – comme cette périlleuse traversée d’une route où ils provoquent des accidents en avançant cachés sous des cônes de signalisation. En détournant le système fonctionnel de la société humaine pour arriver à leurs fins, ces artefacts industriels préfigurent un temps où, telle la créature de Frankenstein, ils seront les bourreaux de leurs inventeurs. Tremblez ! En attendant, voilà un dessin animé moderne qui renvoie aux oubliettes toutes les sucreries romanesques, gluantes de moralisme.
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