Une chose est sûre, l’Italie est un pays très photogénique. On l’a vu dans le dernier Bertolucci, et plus récemment chez Agnès Merlet. Mais comme le disait Antonioni il y a bien longtemps, il y a un bon et un mauvais usage du paysage italien. Chez Bertolucci ou Merlet, ce sont des arrière-plans pittoresques. Dans […]
Une chose est sûre, l’Italie est un pays très photogénique. On l’a vu dans le dernier Bertolucci, et plus récemment chez Agnès Merlet. Mais comme le disait Antonioni il y a bien longtemps, il y a un bon et un mauvais usage du paysage italien. Chez Bertolucci ou Merlet, ce sont des arrière-plans pittoresques. Dans Pizzicata, le premier long métrage académique d’Edoardo Winspeare, le paysage est un acteur à part entière. Nous sommes en 1943, dans les Pouilles, talon de la botte, les jeunes sont à la guerre et les vieux font tourner les fermes aidés par les femmes. Un avion américain s’écrase et le jeune pilote est recueilli par un vieux paysan pauvre et ses trois filles. Coup de bol, l’aviateur est né à quelques kilomètres de là avant que sa famille n’émigre à New York, et il parle italien, ce qui va bien faciliter la communication. Il va donc aider le vieux et ténébreux Carmine à la ferme et tomber amoureux de Cosima, sa fille, pourtant convoitée par Pasquale, fils du plus riche propriétaire terrien de la région. Tout cela finira très mal. C’est filmé assez platement, avec un filtre jaune un peu agaçant et des acteurs jeunes et jolis mais pas toujours très dégourdis. Mais l’essentiel n’est pas là… Ce qui
fait l’intérêt principal du film de Winspeare, c’est sa dimension documentaire quasi ethnologique, son attention à une culture populaire et musicale qui tend à disparaître aujourd’hui. Situer son film en 1943 lui permet de ressusciter des traditions de danses et de fêtes populaires, et c’est assez beau. « Pizzicata », littéralement, « piquée ». Lorsqu’une tarentule pique une jeune fille, celle-ci se sent possédée et danse jusqu’à épuisement. Le film s’ouvre et se ferme sur ces chorégraphies frénétiques. Mais la pizzica est aussi une danse amoureuse sensuelle et rythmée par un tambourin, aux influences musicales venant de tous les pays méditerranéens. Les scènes de fête, de danse et de chant sauvent le film de son récit, les figurants sont pour la plupart des paysans de la région de Salento qui semblent bien s’amuser dans ce décor d’oliviers décharnés et de terres arides, de champs de tabac et de métairies en ruine. Alors bien sûr, les hommes sont de peu de mots, rudes et fiers, les femmes se taisent, obéissent et dansent, les petits vieux sont assis en rang d’oignons comme dans Astérix en Corse. Mais il se dégage malgré tout un certain charme de ce drôle de film démodé.
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