Directeur de la fiction chez Arte dans les années 90, Pierre Chevalier est mort aujourd’hui. Producteur inventif et engagé dans la promotion du cinéma français, il aura marqué l’histoire du cinéma par les collections « Tous les garçons et les filles de leur âge » ou encore « Les années Lycée ».
Bien avant l’avènement de la série comme nouveau et passionnant terrain d’expérimentation, il fut un temps (en France) où les cinéastes avaient déjà trouvé dans le format télévisuel une nouvelle et captivante forme d’expression. André Téchiné, Claire Denis, Chantal Akerman, Olivier Assayas, Laurent Cantet, Patricia Mazuy, Cédric Kahn, Philippe Faucon ou encore Abderrahmane Sissako et Tsai Ming-liang y sont passés. Certains prolongeant leur oeuvre, confirmant leur talent de cinéastes installés, d’autres faisant leur premier pas. Une joyeuse entreprise, qui fut dans les années 90, orchestrée par la chaîne Arte et son directeur de fiction Pierre Chevalier, également producteur de cinéma, dont nous apprenons aujourd’hui la triste disparition.
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Figure incontournable du cinéma français
https://www.youtube.com/watch?v=IVUvXUAkMIo
Etudes de philosophie, coursier chez Galimard, baby-sitter attitré d’Emilie Deleuze (fille de Gilles), chef de cabinet du directeur du Centre Georges-Pompidou, Pierre Chevalier, né le 25 décembre 1945, a eu plusieurs vies avant d’intégrer le CNC où il dirigea, de 1983 à 1991, les commissions d’aide. C’est ensuite, quand il entre chez Arte, sous la demande de Jérôme Clément, président de la chaîne en France, qu’il devient l’une des figures incontournables du cinéma français. En 1994, sur une idée de Chantal Poupaud, célèbre attaché de presse mais également réalisatrice, productrice, scénariste, il produit la série, devenue culte, Tous les garçons et les filles de leur âge pour Arte.
Dans cette collection thématique autour de l’adolescence, bricolée avec un budget modeste gageur d’une certaine liberté créatrice, cinéastes confirmés et jeunes prometteurs se côtoient. A l’intérieur, on trouve certains des plus beaux films français réalisés sur la jeunesse comme Les roseaux sauvages d’André Téchiné, Travolta et moi de Patricia Mazuy, US Go Home de Claire Denis ou encore La Page blanche d’Olivier Assayas. Trois d’entre eux, ceux de Téchiné, Assayas et Cédric Kahn, remaniés dans une version plus longue, connaîtront une sortie au cinéma.
Incubateur de jeunes talents
Dans la lignée de cette série, il y en aura de nouvelles, élaborées selon les mêmes principes : « Les Années lycée », « Gauche/Droite », « Génération TNS », « L’an 2000 vu par ». Là encore la pastille télévisuelle, où Chevalier officie plus comme directeur artistique que simple producteur, a des airs d’incubateurs pour jeunes talents. On y trouve les noms aussi encourageants que ceux de Noémie Lvovsky, Cédric Klapish, Tonie Marshall, Sébastien Lifshitz, Pascale Ferran ou encore Tsai Ming-Liang.
Homme de l’ombre, promoteur clé du jeune cinéma d’auteur français, figure incontournable de la télévision, Pierre Chevalier aura également mis ses talents au service du cinéma, avec des coproductions de films comme Les Amants réguliers de Philippe Garrel ou Lady Chatterley de Pascale Ferran.
En 2017, la Cinémathèque Française lui consacrait une rétrospective. L’occasion d’une passionnante discussion avec Chantal Poupaud, à revoir juste ici :
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