Présenté à la Semaine de la Critique, « Petit paysan » de Hubert Charruel mêle thriller, comédie et réflexion sur la condition paysanne. En tête de casting, le remarquable Swan Arlaud qui s’implique « au cul des vaches » comme disait un ex-président.
Voilà un film qui plairait à Jacques Chirac tellement il est filmé à hauteur de cul des vaches. Il se trouve qu’il séduit aussi le citadin peu familier du purin que nous sommes. Le « petit paysan », c’est Pierre, la trentaine, fraîchement diplômé d’études agricoles, qui prend en main l’exploitation familiale de vaches laitières. Quand l’une de ses têtes de bétail est touchée par la maladie de la vache folle, Pierre préfère sacrifier lui-même sa bête en loucedé par crainte que les services vétérinaires ne suppriment tout son cheptel.
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Swann Arlaud, remarquable comédien
Bien documenté, le film nous enseigne qu’il n’est pas si simple de supprimer une vache : chaque bestiaux est ultra fiché et dissimuler une possible épidémie est passible de prison. Si Hubert Charruel distillait quelques éclats de comédie au début de son film, la suite prend plutôt des allures de thriller, mixant engrenage fatal, suspens et ambiguité morale : on entre en empathie avec Pierre, sa solitude, ses difficultés économiques, sa peur existentielle, même si l’on sait pertinemment qu’il enfreint la loi. Pierre, c’est Swann Arlaud, remarquable comédien à la beauté singulière, visage triangulaire et regard bridé : traite des bêtes, accouchement d’un veau, conduite de tracteur, multiples tâches épuisantes, l’investissement physique et mental a été total du côté de chez Swann. Excellemment écrit, mené et joué, mêlant adroitement naturalisme et cinéma de genre, Petit paysan est une modeste mais réelle réussite.
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