Retrouvez sans plus attendre nos critiques des sorties de la semaine.
Cette semaine, François Ozon réinvente Fassbinder, Kogonada la science-fiction intimiste, et Ennio Morricone est mis à l’honneur dans un documentaire fleuve.
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Peter Von Kant de François Ozon
“Dans son générique introductif, le film d’Ozon cadre le regard de Fassbinder embusqué derrière ses lunettes de vue. L’admiration est dite, mais pas à la façon d’une messe avec encensoirs et prie-Dieu. Peter von Kant n’est ni un pastiche ni une copie. Plutôt, d’un film à l’autre, ‘une belle infidèle’, selon le précepte baudelairien de la traduction, qui consiste à interpréter une langue étrangère sans la dénaturer. Un exercice d’admiration réussi car oscillant entre osmose et distance.” Par Gérard Lefort
After Yang de Kogonada
“C’est par son style que Kogonada impressionne le plus. Ayant passé une décennie à analyser celui des grands maîtres, il a su créer le sien propre, qu’on pourrait certes rapprocher de certains cinéastes asiatiques (comme Edward Yang) mais qui trouve là ses propres respirations. Le réalisateur d’origine coréenne trouve en effet des solutions de figuration prodigieuse pour représenter des tropes de la science-fiction qu’on croyait épuisés.” Par Jacky Goldberg
Ennio de Giuseppe Tornatore
“Classique dans sa forme, le documentaire que Giuseppe Tornatore consacre à son ami Ennio Morricone, disparu à l’été 2020, est malgré tout passionnant. Il faut dire que ce film, que les inconditionnel·les du maestro attendaient depuis longtemps, parvient, en 2 h 36, à rendre compte de la trajectoire unique du compositeur de musique de film le plus célèbre de l’Histoire.” Par Thierry Jousse
L’esprit sacré de Chema Garcia Ibarra
“Composé d’une distribution d’acteur·trices non professionnel·les capturé·es dans un soyeux grain 16mm, il y a d’abord quelque chose d’atypique et de décalé dans cette collision de genre. En grand écart entre le naturalisme et le fantastique dans ses premières minutes, le film exerce d’abord un pouvoir de séduction indéniable, avant que la rigidité formelle et ses enluminures arty ne viennent totalement éclipser le récit et ses personnages.” Par Ludovic Béot
The Sadness de Rob Jabbaz
“The Sadness est-il le scandale attendu ? Pas vraiment. Si le film comporte bel et bien une poignée de scènes parfaitement répugnantes, il n’en fait rien de plus qu’un spectacle forain lointainement virtuose, avec pour unique ambition de tout montrer frontalement. La parabole pandémique qui introduit le récit, et fait lourdement écho à la crise sanitaire dont nous sortons à peine, n’est qu’une vulgaire amorce pour introduire des zombies ultra-violents, portés sur l’arrachage de carotides et le viol de cadavres.” Par Léo Moser
Zahorí de Marí Alessandrini
“Premier long métrage de l’Argentine Marí Alessandrini, Zahorí est de ces films que l’on sent pétri par l’application d’un travail documentaire immersif et géographique auquel s’agrègent les souvenirs d’enfance de son autrice pour qui la steppe fut longtemps cet horizon lointain, infranchissable. Le film rend ainsi grâce au caractère à la fois dangereux et salvateur du paysage, et à la détermination de sa jeune héroïne, mais il multiplie beaucoup les points d’entrée et les points de vue.” Par Marilou Duponchel
Histoire de Petites Gens de Djibril Diop Mambety
“Magnifiquement tournée dans les artères bouillonnantes de Dakar, cette nouvelle version restaurée révèle le prodigieux raffinement des images de Mambety dont la précision des cadres et les couleurs n’ont jamais semblé aussi éclatantes. On y retrouve également le grand talent du Sénégalais pour construire des allégories économiques et politiques à travers des drames humains du quotidien.” Par Ludovic Béot
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