Chevelure blonde brûlée, regard perçant : Peter O’Toole, qui a conquis les foules en incarnant Lawrence d’Arabie, vient de s’éteindre. Il avait 81 ans.
Comme beaucoup d’acteurs britanniques, Peter O’ Toole était « shakespearien ». Derrière ce cliché qui invoque un mélange de grandeur et de flegme, comprendre que l’œuvre de Shakespeare était centrale dans sa formation de comédien et qu’il avait fait ses classes au théâtre, comme il se doit en Angleterre. O’Toole atteint la renommée mondiale en 1963 avec le blockbuster colonial de David Lean, Lawrence d’Arabie, récit en scope et technicolor des conquêtes moyen-orientales de l’empire britannique à l’orée du XXe siècle.
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Avec sa chevelure blonde brûlée, ses yeux plus bleus que la mer rouge, son teint hâlé (grâce au soleil ou aux maquilleurs ?), son physique androgyne post-Gary Cooper et pré-David Bowie, son personnage ambigu de colonisateur anticolonial, O’Toole conquiert les foules planétaires. Mais Lawrence d’Arabie sera sa gloire et sa malédiction, car pour beaucoup, le nom d’O’Toole restera lié à ce seul film.
Pourtant, il enchaîne les tournages, de Lord Jim à Quoi de neuf pussycat ?, de Beckett à Un Lion en hiver (deux films où il joue le même rôle, Henry II). Mais aucun de ces films ne marque l’histoire du cinéma et les consciences cinéphiles internationales. Des années 70 aux années 90, sa carrière dense se répartit entre cinéma, théâtre et télévision, avec de nombreuses nominations aux oscars, Bafta ou Golden Globes. Il décroche les timbales aux Bafta 63 pour Lawrence d’Arabie, aux Golden Globes 65 pour Beckett, avant de recevoir un oscar de pré-embaumement en 2003 pour l’ensemble de sa carrière. Carrière où l’on notera encore dans les années 2000 son rôle du vieux roi Priam dans Troie et la voix anglaise du critique Anton Ego dans Ratatouille.
C’est sans doute injuste mais de ces quelque cinquante années de parcours se détache toujours et encore l’image d’un beau jeune homme anglais en costume arabe, sous une lumière en technicolor, rehaussé par le thème musical infectieux de Maurice Jarre. Peter O’Toole est parti, Lawrence reste éternel.
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