Le cinéaste espagnol Pedro Almodóvar tient un blog, où il répond aux critiques.
S’il est vrai qu’avec le 2.0, ces pages de profil où on expose ses photos, ses films, ses musiques, chacun a pu avoir accès à l’expression artistique et à sa diffusion, les plus grands artistes peuvent aussi faire comme les vraies personnes et, dans la récréation de leur grande oeuvre, se livrer aux joies simples du bloggeur.
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Ainsi, Pedro Almodóvar tient un blog. Bien sûr, son blog dispose d’une logistique en rapport avec la notoriété et les moyens de son auteur. La page d’accueil permet par exemple de s’orienter au choix vers la version en espagnol, en français ou en anglais du site. Lesquelles ne comportent pas tout à fait les mêmes textes. Par exemple, aux dates correspondant à la présentation d’Etreintes brisées à Cannes, on trouve dans les versions internationales du blog des textes bon enfant sur le mode “Ça y est je suis à Cannes, c’est cool”, une panégyrique de la Nouvelle Vague, célébrée pour ses 40 ans au Festival, et autres déclarations assez peu dissensuelles. Sur les pages en espagnol, le ton change.
Il n’y est quasiment question que d’une polémique très vive ayant opposé le cinéaste au critique de cinéma et au responsable des pages culture du quotidien El País, Carlos Boyero et Borja Hermoso. Boyero aurait écrit, semble-t-il, dans son compte rendu cannois, le jour de la présentation d’Etreintes brisées, que Cannes souffrait d’“indigestion almodovarienne”. Pedro a vertement répliqué sur son blog que de telles annotations ne relevaient pas de la critique. Un grand feu s’est alors allumé, chacun (chef culture, intervenants extérieurs…) prenant position sur l’affaire dans le journal pour évaluer s’il était opportun ou pas qu’un cinéaste réponde à une critique…
Les deux longs textes d’Almodóvar autour de l’affaire sont très intéressants. Il s’y exprime dans un style assez épidermique (on le sent vraiment blessé, voire un brin parano) mais aussi très construit, nourri par une réflexion élaborée sur ce que doit être une critique. Cette réflexion ne se fige pas en cahier des charges dogmatique puisque, citant abondamment des critiques espagnols en exercice, il dit attendre d’untel une certaine impartialité et hauteur de vue, et d’un autre, au contraire, la plus totale subjectivité parce que chez ce dernier elle participe d’un rapport personnel précieux au monde et à l’écriture. Le plus amusant dans cette polémique, c’est le point de vue de ceux qui lui reprochent (dans El País) de répondre à un critique (sur son blog). Mais pourquoi donc les artistes célèbres ne bénéficieraient-ils pas, au même titre que tous les citoyens bloggeurs, de la grande démocratisation de l’expression de ses opinions propres à l’éclosion des blogs ?
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