Premier film quasi expérimental d’un jeune rédacteur des Cahiers du cinéma nommé André Téchiné.
Intrigue-prétexte, dérive mentale, poésie marginale. Téchiné a quitté son Sud-Ouest natal. Et Paulina, sa première héroïne, s’en va. Paulina, c’est lui ? D’abord, Paulina quitte l’appartement où elle vit avec son frère Nicolas et son ami Olivier. Ce premier tiers du film évoque Les Enfants terribles de Cocteau.
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La famille est le sujet de prédilection de Téchiné, mais cette famille-là n’est déjà plus une famille au sens traditionnel. Puis, c’est l’esprit de Paulina qui s’en va. Elle est repérée comme folle et internée dans une étrange clinique psychiatrique. C’est tout pour le récit. On ne peut pas proprement parler d’intrigue. Téchiné disait de ce film : « C’est l’histoire d’une somnolence. » Pour le spectateur, il s’agit plutôt d’une rêverie. Une rêverie sur des thèmes : la dérive mentale, l’enfermement. Et sur une actrice : Bulle Ogier, plus belle et fascinante que jamais.
Le film a été tourné avec un budget minimal en 1967, puis 1969, présenté à Venise cette même année, avant de sortir à la sauvette en 1975, en même temps que le deuxième long de Téchiné, Souvenirs d’en France. Si l’on accepte de s’y perdre sans chercher à rationnaliser, on sera récompensé par le trouble des images, la poésie des dialogues, la puissance hypnotique de longs plans-séquences silencieux. Un registre impressionniste et marginal qui évoque aussi bien Rivette que Garrel, les figures du cinéma intello-arty de l’époque. Par la suite, Téchiné a quitté ce terrain aride de critique du langage cinématographique pour passer à un cinéma plus romanesque (et produit avec davantage de moyens), registre dans lequel son petit dernier, Les Egarés, vu à Cannes, est une belle réussite.
Olivier Nicklaus
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