Un western distendu dans la pampa argentine. Splendide formellement mais excessivement impassible.
Un premier film argentin fidèle à la tradition encore jeune de la nouvelle cinématographie locale qui veut que la nature et le paysage aient un rôle important (exemple-phare : Lisandro Alonso). Dans le cas de Patagonia, el invierno, on parlera évidemment de western en raison du cadre (scope), des personnages et de la situation (la tonte des moutons dans un ranch isolé, plus les chevaux et les armes).
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Mais la dramaturgie, étale et diluée, donne plus de champ à l’atmosphère et aux éléments que dans un quelconque western. En donnant du temps au temps et de la place à l’espace, le film relativise sans cesse les conflits et les dilemmes des personnages, sans pour autant tomber dans la contemplation. L’hostilité est omniprésente, la violence aussi, mais elles sont surtout diffuses, voire à l’état de menaces quasi métaphysiques.
Une œuvre harmonieuse mais aussi parcimonieuse
Il est essentiellement question du gardien d’une estancia, trop âgé, qui est remercié puis remplacé par un plus jeune. Le vieux s’en va, le jeune reste. Mais les choses ne se résolvent pas si simplement… Tous les éléments d’une intrigue romanesque sont réunis, mais ils restent sous-développés, y compris l’intrigue parallèle du retour du vieil homme à la civilisation, trop succincte ou périphérique par rapport au récit central pour fonctionner.
En définitive, une œuvre harmonieuse mais aussi parcimonieuse, qui laisse un peu sur sa faim. Autrement dit, c’est indéniablement beau, mais un chouïa trop vague pour ravir entièrement. Ça ne manque ni de vent ni de neige, ni de ciel ni de moutons, mais plutôt de chair et de tripes.
Patagonia, el invierno d’Emiliano Torres (Arg., Fr., 2016, 1 h 35)
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