Visite sur le tournage du quatrième long métrage de Pascal Bonitzer,
Je pense à vous, avec Edouard Baer, Géraldine Pailhas et Hippolyte Girardot. Une comédie grinçante dans le milieu de l’édition.
Edouard Baer, moins débraillé chic qu’à l’accoutumée, très straight même avec ses lunettes et son manteau long, rencontre un autre quadra chic, Hippolyte Girardot, dans les allées du jardin du Luxembourg. Cet homme qui l’aborde lui remet une parka, celle de Géraldine Pailhas, l’épouse d’Edouard Baer, qui est là, en contrebas, et rejoint bientôt les deux hommes, le temps d’un échange courtois mais tendu, tant chacun semble avancer en aveugle, incertain des intentions de l’autre. Avant de quitter le couple, Hippolyte Girardot signale qu’il aimerait aussi récupérer le téléphone portable qu’a oublié sa femme Anne. Pascal Bonitzer tourne Je pense à vous, un vaudeville cruel fait d’actes manqués et d’objets en transit.
Dans cette histoire, écrite avec la précision et l’acuité analytique coutumières de l’auteur, il est question de chassés-croisés amoureux, d’anciennes liaisons qui réveillent des douleurs vives mais aussi de l’utilisation de la vie privée dans des uvres artistiques. Edouard Baer incarne Hermann, un éditeur dont un des auteurs phare, Worms (Charles Berling), s’apprête à publier un roman inspiré de sa vie avec son ex-maîtresse, Diane (Géraldine Pailhas), devenue depuis la compagne d’Hermann. Laquelle fait appel à la justice pour que l’écrivain modifie son texte. Le récit bruit des échos de polémiques récentes autour de l’utilisation de la vie privée d’autrui dans des uvres (le procès Denicourt/Desplechin, ou la sortie des Désaxés de Christine Angot).
En ce matin de fin avril, et tandis qu’ailleurs dans Paris est révélée la sélection du Festival de Cannes (entre les prises tout le monde rallume son portable), Bonitzer met en place ses comédiens. Hippolyte Girardot se concentre en silence, très sérieux. Edouard Baer en revanche harangue les passants, fait s’esclaffer un groupe de collégiennes en croquant dans un sandwich au Boursin tenu par l’une d’elles, et semble beaucoup plus détendu que lors de notre visite sur la préparation de son dernier spectacle, La Folle et Véritable Vie de Luigi Prizzoti. Géraldine Pailhas nous parle de l’enthousiasme très vif qu’a suscité en elle la lecture du scénario. Elle aurait souhaité interpréter indifféremment l’un ou l’autre personnage féminin principal de l’histoire.
L’autre personnage, Anne, l’ancienne maîtresse d’Hermann, travaillée par des affects sombres et violents, est incarnée par la cinéaste Marina de Van, coauteur du film.
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