Dans une bourgade de la Chine profonde, une gamine de 13 ans remplace au pied levé l’instituteur, qui doit partir au chevet de sa mère malade, et lui promet qu’à son retour, pas un élève ne manquera à l’appel. Consacré aux difficultés de la jeune Wei Minzhi à “tenir” sa classe, composée d’élèves à peine […]
Dans une bourgade de la Chine profonde, une gamine de 13 ans remplace au pied levé l’instituteur, qui doit partir au chevet de sa mère malade, et lui promet qu’à son retour, pas un élève ne manquera à l’appel. Consacré aux difficultés de la jeune Wei Minzhi à « tenir » sa classe, composée d’élèves à peine moins âgés qu’elle, et à sa recherche désespérée d’un garnement que ses parents ont envoyé travailler à la grande ville, Pas un de moins gâche un sujet potentiellement intéressant et qui rappelle les scénarios sur l’enfance du cinéma iranien en ayant systématiquement recours aux plus grosses ficelles du mélodrame. Aussi ennuyeux que tristement convenu, le film se fait piéger par son ton édifiant et sa propension à illustrer platement un récit au lieu de le questionner. Succession d’effets de réel débités d’une manière très politiquement correcte (voir les plans de salut au drapeau, filmés en contre-plongées lyriques), Pas un de moins devient franchement désagréable quand il utilise une musique sirupeuse pour renforcer le chantage à l’émotion et souligner encore un sens déjà fort clair et dénué de la moindre ambiguïté. Cette esthétique de la misère rurale n’est même pas sauvée par ce qui faisait la force relative de Qiu Ju une femme chinoise : l’éloge de l’obstination et de l’éternel recommencement. Sans doute soucieux de démontrer sa bonne volonté aux autorités chinoises comme à ses commanditaires américains de Columbia Pictures, Zhang Yimou indique clairement à chaque plan que cette histoire ne peut que bien se terminer, dans les retrouvailles et la glorification politico-médiatique de la jeune institutrice, faisant de ce film tire-larmes une lente et pénible avancée vers un happy-end dont personne ne saurait douter. Comme si cela ne suffisait pas à plomber son projet d’une pesante surcharge idéologique, Zhang Yimou en rajoute encore une couche consumériste en filmant sur le mode de la découverte fondamentale la première gorgée de Coca-Cola de ces trop adorables petits Chinois. L’ennui tourne alors au malaise devant tous les efforts fournis par un cinéaste pour devenir doublement dans son propre pays comme à l’Ouest un artiste officiel. Quand on se souvient que Pas un de moins a été préféré au sublime Et le vent nous emportera pour l’attribution du Lion d’or à Venise… De l’avantage de faire des croûtes plutôt que des films.
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