La virée touchante de trois potes quinquagénaires à Porquerolles.
Le film de potes est un des rares genres autant balisés par le cinéma américain, souvent pour le meilleur (Cassavetes, Levinson, Linklater, Apatow), que par le cinéma français, souvent pour le pire (Canet, Esposito…). Bernard Tanguy, pour son premier long métrage, a eu la bonne idée d’aller chiner chez les premiers, tout en feignant de regarder vers les seconds.
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Parenthèse raconte ainsi la virée d’une bande de trois quinquagénaires (dont le trop rare Gilles Gaston-Dreyfus, jadis aperçu chez Edouard Baer) empêtrés dans leur vie parisienne, qui décident sur un coup de tête de louer un voilier à Porquerolles. Frimeurs, ringards et un brin misogynes, ils s’en vont frictionner leurs libidos toujours galopantes à celle de trois jeunes filles rencontrées sur place, pas décidées à se laisser faire.
Contemporain mais ostensiblement (par sa musique signée Stupeflip et sa photographie vintage) tourné vers les années 1970 et 80, qui correspondent à la jeunesse des protagonistes (et du cinéaste, ici sur des rives autobiographiques), le film refuse heureusement d’appuyer sur la touche “nostalgie”, afin de chanter les louanges d’un passé idéalisé, forcément plus libre et hédoniste, etc. Sachant, qualité rare, gifler ses personnages lorsqu’ils le méritent, sans toutefois leur mettre la tête sous l’eau, Tanguy dessine une communauté attachante et pleine de contradictions, qui doit surtout apprendre à composer avec le réel. Une belle surprise.
Parenthèse de Bernard Tanguy (Fr., 2016, 1 h 35)
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