Ressortie opportune des premiers films d’Amenábar, auteur des Autres. Ce cinéaste espagnol a très bien assimilé le meilleur du cinéma américain. Le public et une partie de la critique française ont fermé les yeux devant les deux premiers films d’Alejandro Amenábar, jeune cinéaste madrilène, alors que ses débuts avaient été récompensés en Espagne par un […]
Ressortie opportune des premiers films d’Amenábar, auteur des Autres. Ce cinéaste espagnol a très bien assimilé le meilleur du cinéma américain.
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Le public et une partie de la critique française ont fermé les yeux devant les deux premiers films d’Alejandro Amenábar, jeune cinéaste madrilène, alors que ses débuts avaient été récompensés en Espagne par un immense succès. Profitons de ces rééditions bienvenues pour les découvrir, dans la foulée de son beau troisième film, Les Autres, sur la vie rêvée des morts.
Amenábar puise son inspiration dans un certain cinéma américain (Hitchcock, De Palma, Lynch), fasciné par les mécanismes de l’angoisse, de l’étrange et du rêve. Alors que les recettes hollywoodiennes chez nos réalisateurs tricolores tentés par le cinéma de genre sont soit piteusement imitées, soit déformées par d’autres formules exogènes, Amenábar a parfaitement assimilé et compris l’écriture et la mise en scène du cinéma anglo-saxon dans ce qu’elles ont de meilleur : l’efficacité sans faille du scénario, la concision, l’élégance discrète du filmage. Même s’il existe dans le cinéma espagnol une tradition fantastique, la plupart du temps influencée par le surréalisme, les films d’Amenábar ne lui doivent rien. Ils témoignent d’une volonté de rupture avec un cinéma national guère palpitant, mais cet américanisme affiché ne se pare d’aucune arrogance commerciale. Il est au contraire l’affirmation d’une personnalité singulière et marque l’apparition d’un auteur remarquable dans le paysage du nouveau cinéma mondial.
Dans Tesis, une étudiante en cinéma qui prépare une thèse sur la violence au cinéma découvre un réseau de snuff-movies, vidéos où sont filmés des tortures et des assassinats réels. On peut trouver le message du film un rien scolaire, mais Amenábar (24 ans au moment du tournage) fait preuve de beaucoup de talent dans la gestion de cette enquête policière mieux construite que la plupart des récents films de spécialistes confirmés de la peur au cinéma. Il parvient à captiver le spectateur et à le faire frissonner sans aucun recours aux scènes gore que laissait craindre le sujet.
Quant à Ouvre les yeux, nettement plus ambitieux et parfaitement réussi, c’est l’un des films les plus étonnants de ces dernières années. Il ne brasse pas moins que les mythes de la Belle et la Bête, du Fantôme de l’Opéra, le thème de l’immortalité et l’exploration des mondes virtuels et du rêve, se permet toutes les audaces narratives sans jamais s’égarer dans des dérapages et des délires incontrôlés. Un jeune homme est défiguré dans un accident de voiture provoqué par une maîtresse de passage alors qu’il venait de rencontrer la femme de sa vie. Son existence va, dès lors, emprunter des voies aléatoires, jusqu’à ce qu’il soit incapable (et le spectateur avec lui) de savoir s’il vit un rêve ou s’il rêve sa vie. Le film va très, très loin dans l’imagination et l’onirisme, mais, coup de maître, Amenábar parvient à lui donner une conclusion satisfaisante. Nous vous conseillons de voir Ouvre les yeux avant son agréable remake américain Vanilla Sky, avec Tom Cruise. Cela vous permettra de vous livrer à un réjouissant jeu des sept erreurs.
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