Si les répétitions d’une fanfare dans les quartiers de Brooklyn constituent le leitmotiv ingrat et cacophonique de Our Song, ce n’est pas pour nous introduire tambours battants dans la vie de trois jeunes filles, membres de ce groupe. Il n’est pas question ici de faire retentir les maux de l’adolescence à coups de flonflons. Non, […]
Si les répétitions d’une fanfare dans les quartiers de Brooklyn constituent le leitmotiv ingrat et cacophonique de Our Song, ce n’est pas pour nous introduire tambours battants dans la vie de trois jeunes filles, membres de ce groupe. Il n’est pas question ici de faire retentir les maux de l’adolescence à coups de flonflons. Non, aucune prétention pompeuse et pompière à l’horizon de ce premier film au charme discret.
De l’horizon, avenir qui se joue précocement, on n’attend guère d’éclaircissement, Jim McKay préférant la captation rapprochée et pudique de son inquiète appréhension. Le récit prend les traits d’un quotidien aussi bien anodin que prospectif, empreint de questionnements bien légitimes pour leur âge et leur situation (avec une histoire d’avortement, entre autre), sans se défaire pour autant d’une certaine légèreté, se gardant bien de sombrer dans le pathétique. Les déambulations de Lanisha, Maria et Jocelyn épousent une certaine forme de tâtonnement et constituent des chemins ouverts à tous les choix possibles, ne s’arrêtant jamais à un jugement définitif. Aucun couperet à l’horizon, aucune sentence plaquée sur leur choix de vie. Il s’agit d’un mouvement à épouser sans pour autant qu’on nous dise qu’il est la meilleure façon de marcher.
Plutôt que de s’appesantir sur leurs tourments, McKay opte pour une marche, qui, au même titre que la musique, se donne comme point de rencontre, moteur d’une pensée qui se partage sans s’imposer. Ainsi, si fanfare il y a, il faut plutôt aller chercher du côté d’un accompagnement aussi bien amical que musical.
C’est dans les entre-deux (entre trois) que Our song avance, fait d’accords et de désaccords, de silence et de futilités où se mêlent présent adolescent et devenir adulte dans un affrontement sourd porté par l’inquiétude d’un mouvement libérant le film de tout statisme larmoyant.
En témoigne l’un des dernières scènes du film, long plan où Lanisha et Maria se séparent à une bouche de métro. L’une s’y engouffre pour aller au lycée tandis que l’autre, enceinte, marche à l’avant-plan, et s’éloigne du point de sortie de son amie de plus en plus réduit dans la profondeur de champ. Si séparation temporaire il y a, l’appréhension de l’espace et de leur mouvement en dit long sur ce fait anodin. Leurs chemins sont en voie de diverger, et pourtant persiste un mouvement commun d’avancée réussissant à préserver entre elles un troublant accord. Elles avancent, coûte que coûte, et même si leur proximité semble de moins en moins certaine, elles auront esquissé ensemble ce mouvement de départ, et formé à elles seules sa musique d’accompagnement.
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