Les yeux ne veulent pas en tout temps se fermer…, plus souvent désigné – ne serait-ce que par commodité – par son titre allemand, Othon, est sans doute le film à la fois le plus désopilant (avec le court En rachâchant d’après Marguerite Duras) et l’un des plus sidérants des Straub. Imaginez, dans la Rome […]
Les yeux ne veulent pas en tout temps se fermer…, plus souvent désigné – ne serait-ce que par commodité – par son titre allemand, Othon, est sans doute le film à la fois le plus désopilant (avec le court En rachâchant d’après Marguerite Duras) et l’un des plus sidérants des Straub. Imaginez, dans la Rome gasoilée de 1969, sur fond de ruines, de vrombissements de cigales et de Fiat 500, des types bizarres (parmi lesquels le critique italien Adriano Aprá et le critique et cinéaste Jean-Claude Biette), déguisés en toge, en train de déclamer dans son intégralité, raides comme des piquets, une pièce peu connue de Corneille. Vous trouvez ça drôle ? Et bien vous avez raison. Mais le miracle straubien advient, et ce qui ressemblait à une vaste blague, passé le premier quart d’heure, vous captive peu à peu et vous entraîne dans la contemplation du ciel et l’écoute d’une langue envoûtante qui vous rend sourd à tout ce qui souhaiterait la parasiter. C’est dans le chaos des intrigues de palais de la pièce de Corneille que jaillit le souffle de la liberté.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
(Critique parue dans le supplément au n°646 des Inrockuptibles, Les 40 ans de la Quinzaine)
{"type":"Banniere-Basse"}