Plus de diversité et de mixité au programme de la prochaine cérémonie qui se tiendra le 25 avril à Los Angeles. Mais cela suffira-t-il pour attirer les foules ?
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Qu’attendre des Oscars après une année presque blanche, où les salles de cinéma sont restées continuellement fermées dans les grandes métropoles américaines, où les studios n’ont cessé de repousser leurs films les plus attendus au gré des confinements prolongés et où les plateformes de streaming, enfin, ont dominé le champ de bataille par défaut de concurrence ? Eh bien, un aperçu de l’avenir, précisément. Comme pour à peu près tout, il y aura pour les Oscars un avant et un après-2020 ; et comme pour à peu près tout, le Covid n’aura fait qu’y accélérer un certain nombre de tendances inéluctables. Pour le meilleur et pour le pire.
Qu’observe-t-on en analysant les nominations ? Pour le meilleur, que la diversité et l’inclusivité promises depuis une demi-douzaine d’années semblent enfin actée. Parmi les cinq Best Directors, deux sont des femmes : Chloé Zhao (grande favorite après son Lion d’or à Venise pour Nomadland) et Emerald Fennell (réalisatrice du très surestimé Promising Young Woman, qui porte bien mal son nom).
Diversité d’origine aussi, avec le cinéaste coréano-américain Lee Isaac Chung (et son superbe Minari, qui occupe la case de sensation indé distribuée par A24) et l’Afro-Américain Shaka King qui concourt avec l’excellent Judas and the Black Messiah, en plus du Français Florian Zeller qui cumule six nominations avec son intrigant Father.
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Chez les comédien·nes, le phénomène est encore plus marqué, puisque parmi les vingt nominé·es en tout dans les quatre catégories (acteur et actrice principal·e, secondaire), neuf sont issu·es d’une minorité. Ce genre de comptabilité peut faire grincer des dents en France, mais fait, plus que jamais, parti des mœurs américaines. Et il n’y aura pas de retour en arrière.
https://youtu.be/JrMqk5uYS-Q
Qui a vu ces films ?
Ce qui frappe négativement, en revanche, c’est le manque d’engouement pour la cérémonie – cérémonie qui, contrairement aux catastrophiques Golden Globes, se tiendra physiquement, sous chapiteau, en présence de tous·tes les nominé·es. Là aussi, il s’agit d’un phénomène déjà amorcé, puisque les audiences sont en baisse depuis 2015, ayant atteint leur plus bas historique en 2020.
Cette édition sera-t-elle encore pire ? Il est permis de le penser. Le paradoxe, c’est que la plupart des films nommés sont, au moment où sont écrites ces lignes, visibles, d’un seul clic, de chez soi, dans le monde entier. Le hiatus entre la sortie salle et vidéo est en train de disparaître pour de bon, ce qui devrait favoriser l’accessibilité.
Et pourtant, qui a vu ces films ? Qui sait, même, lesquels sont sortis, sur quelle plateforme, dans quel pays ? Que celui qui ne s’y perd pas jette la première pierre. Quant à l’impact culturel de ces films, il n’est plus mesurable, tant leur sortie ne fait plus événement. Une cérémonie comme les Oscars – et cela vaut aussi bien sûr pour les César, en crise existentielle encore plus profonde – perd ainsi sa raison d’être, qui est de communier autour des films importants, ceux qui laissent (ou sont censés laisser, ça ne marche pas à tous les coups) une trace. Mais quand les traces s’effacent instantanément ?
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Rêverie mélancolique sur l’âge d’or des studios, cherchant à recréer au forceps la magie du cinéma d’antan pour les écrans d’aujourd’hui, Mank de David Fincher est sans doute le film qui cristallise le mieux les contradictions cinéphiles du moment : “Le cinéma est mort, vive le cinéma”, s’entête-t-il à répéter soixante fois par seconde (puisque vingt-quatre, on l’a bien compris, est has been). Avec ses dix nominations, il a par conséquent tout pour repartir bredouille.
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Oscars 2021, le 25 avril prochain
LES NOMINATIONS
Meilleur film
The Father de Florian Zeller
Judas and the Black Messiah de Shaka King
Mank de David Fincher
Minari de Lee Isaac Chung
Nomadland de Chloé Zhao
Promising Young Woman d’Emerald Fennell
Sound of Metal de Darius Marder
Les Sept de Chicago d’Aaron Sorkin
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Meilleure réalisation
Drunk de Thomas Vinterberg
Mank de David Fincher
Minari de Lee Isaac Chung
Nomadland de Chloé Zhao
Promising Young Woman d’Emerald Fennell
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Meilleure actrice
Viola Davis dans Le Blues de Ma Rainey
Andra Day dans The United States vs. Billie Holiday
Vanessa Kirby dans Pieces of a Woman
Frances McDormand dans Nomadland
Carey Mulligan dans Promising Young Woman
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Meilleur acteur
Riz Ahmed dans Sound of Metal
Chadwick Boseman dans Le Blues de Ma Rainey
Anthony Hopkins dans The Father
Gary Oldman dans Mank
Steven Yeun dans Minari
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