En préférant à « Avatar » le film de Kathryn Bigelow (qui reçoit six récompenses, dont meilleur film et meilleure réalisatrice), les Oscars couronnent l’un des deux ou trois films américains les plus forts et les plus audacieux de l’année passée.
Est-ce par amour du show, de la dramaturgie et des happy end que la profession cinématographique hollywoodienne a refusé à Avatar une nouvelle razzia d’Oscars ? Le triomphe de Démineurs de Kathryn Bigelow (6 Oscars dont meilleur film et réalisation) aura de fait permis un spectacle parfait, à la fois un peu surprenant (la toujours payante victoire de David sur Goliath) mais aussi plein de bons sentiments.
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Consacrer Kathryn Bigelow, très bonne cinéaste mésestimée et quasiment donnée pour morte par l’industrie durant la décennie passée, c’est en effet tirer sur la corde sensible de l’Amérique en activant la croyance que l’existence vous donne toujours une seconde chance, que rien n’est plus beau que les rétablissements en beauté, alors même qu’on croyait la réussite à jamais derrière soi.
Et c’est aussi deux come-backers qui ont remporté les statuettes de meilleur acteur et actrice: Jeff Bridges pour Crazy Heart, un film qui ne parle justement que de rétablissement, et Sandra Bullock, star des années 90, has been des années 2000, remise en selle par deux gros succès cette année dont The Blind Side.
Et, comble du consensus, cette victoire de Démineurs parvient même à ne pas être blessante pour James Cameron puisqu’elle lui octroyait le rôle gratifiant du gentleman fairplay, recueillant lui-même quelques miettes de cette victoire puisqu’il fut longtemps non seulement le mari mais aussi le producteur de la première réalisatrice oscarisée.
Et comme l’outsider Precious n’a pas été complètement oublié (Oscar du second rôle féminin et de la meilleure adaptation), la soirée aura fait peu de mécontents. Même la France n’est pas partie bredouille. Car si Jacques Audiard n’aura finalement été prophète que dans son pays (au profit de l’Argentin Dans ses yeux), un petit film du collectif H5, Logorama, a obtenu l’oscar du meilleur court-métrage d’animation.
Une soirée réussie donc, comme une comédie de remariage où tout le monde s’embrasse à la fin. Mais ce ne sont pas seulement les bons sentiments qui ont tiré leur épingle du jeu. Parce que Démineurs est aussi un des deux ou trois films américains les plus forts et les plus audacieux de l’année passée, c’est aussi le meilleur cinéma qui pour une fois aux Oscars ne s’est pas retrouvé sur le carreau.
Photo: Katheryn Bigelow sur le tournage de Blue Steel.
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