Oscar Wilde est un film très bien joué par des acteurs portant de jolies panoplies et filmés avec correction. Retraçant à grandes foulées et avec un académisme bonhomme et télévisuel la vie de l’écrivain irlandais, il n’évite aucun des épisodes et des drames célèbres de la geste wildienne (le succès, les aphorismes brillants, les garçons, […]
Oscar Wilde est un film très bien joué par des acteurs portant de jolies panoplies et filmés avec correction. Retraçant à grandes foulées et avec un académisme bonhomme et télévisuel la vie de l’écrivain irlandais, il n’évite aucun des épisodes et des drames célèbres de la geste wildienne (le succès, les aphorismes brillants, les garçons, le scandale, la prison, la déchéance). Stephen Fry (le Peter de Peter’s friends) joue Wilde sans cabotinage, presque en deçà de ce à quoi on aurait pu s’attendre. Son Wilde, réellement émouvant, est un pauvre homme las dépassé par ses passions et non un fringant provocateur (dommage cependant qu’on ait cru bon d’affubler Fry d’une perruque trop petite, ce qui est étonnant). L’insolent Jude Law (déjà aperçu dans le dernier Eastwood) joue sans retenue le capricieux lord Alfred Douglas. Dans le genre biographie d’écrivain, le film a le mérite d’échapper à tout symbolisme lourdaud et de ne pas chercher à paraître plus qu’il n’est : un film pédagogique (que seules quelques scènes ahanantes d’admiration réciproque empêcheront d’être diffusé un après-midi sur La Cinquième). En somme, le film a quelque chose de poétique malgré lui, car l’illustration, l’imagerie d’Epinal semblent ici tellement volontaires qu’elles en confinent à l’affirmation d’un style (chiatique il est vrai). Comme Rimbaud, on peut aimer les peintures idiotes et les enluminures populaires. La grande et ultime qualité du film de Brian Gilbert, c’est qu’on peut s’y ennuyer avec délectation, laisser flotter son attention sans perdre le fil de l’intrigue. Comme une collection d’images Panini, tout cela a quelque chose de reposant, de régressif et de quasi hallucinatoire. On peut même se laisser aller à verser quelques larmes. Mais allez plutôt voir Inquiétude de Manoel de Oliveira, que Wilde aurait sans doute apprécié.
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