Boubacar Sangaré replonge dans les mines d’or de Bantara, où l’on suit trois adolescents dans le quotidien d’un travail dévorant et dangereux.
Premier documentaire de Boubacar Sangaré, Or de vie est une plongée dans un site d’orpaillage de la ville de Bantara au Burkina Faso. Le cinéaste ayant lui-même été un adolescent chercheur d’or, il revient, vingt ans plus tard, pour filmer ceux qui y travaillent nuit et jour, dans un pays où plus de 300 000 enfants seraient aujourd’hui en train de s’esquinter à la récolte de l’or.
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Si le film est une plongée, c’est parce qu’il s’agit bel et bien de descendre dans des tunnels et des galeries avec une caméra embarquée, au cours de séquences suffocantes où l’angoisse règne. Le doute permanent des accidents plane, des effondrements ou des asphyxies.
Rêver dans les abysses terrestres
À la surface, un bruit ne s’interrompt jamais, celui des machines qui frappent la cadence, comme un battement de cœur terrifiant. Le film est fait de la matière même des répétitions : les gestes automatiques, les saccades des engins, les allers-retours des pioches dans les parois rocheuses. Au soleil ou au clair de lune, Or de vie est aussi un film de sable, qui s’écoule partout et recouvre les peaux. Un grand voile de poussière blanche se pose sur les enfants dont les corps se transforment déjà sous la pénibilité des journées de labeur.
Toujours à la surface, de plans larges saisissent des dizaines de tentes organisées autour des points d’extraction comme de denses fourmilières. C’est tout un monde, qui s’est bâti au-dessus des entrailles de la Terre à dompter. Et là où le documentaire touche en plein cœur, c’est qu’il ne s’apitoie jamais, ne s’écrase jamais sous le poids de son sujet, mais s’attache, vissé à trois adolescents dont il tire le portrait sensible. Autour d’un baby-foot, avant de replonger dans les gouffres, le cinéaste joue une partie avec eux. Trois jeunes rêveurs dont on a fait l’inestimable rencontre : Ismane, Missa et Dramane.
Or de vie de Boubacar Sangaré. En salles le 5 juin 2024.
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