Après avoir reçu une Palme d’or d’honneur lors de la 76e édition du Festival de Cannes, l’acteur américain Michael Douglas est revenu sur sa carrière, ses choix et la réception de ses prestations, le temps d’une masterclass unique.
Honoré mardi 16 mai d’une Palme d’or pour l’ensemble de sa carrière, Michael Douglas s’est prêté le lendemain au jeu de la masterclass cannoise. Guidé à travers les méandres de sa carrière par l’excellent Didier Allouch, rompu à l’exercice, le comédien de 78 ans, dont la diction semble avoir été légèrement altérée par un cancer de la langue au début des années 2010, n’a pas eu beaucoup d’efforts à faire pour séduire un public acquis à son charme matois.
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Depuis ses débuts télévisés dans la série policière Les Rues de San Francisco, aux côtés de Karl Malden (son “mentor”, dira-t-il) et jusqu’à ses aventures marveliennes au sein de la franchise Ant Man, le fils de Kirk Douglas – à qui il ressemble de plus en plus en vieillissant – s’est toujours défini par une forme de rouerie, qu’il a opposé lors de la masterclass à la droiture morale de la plupart des personnages joués par son père.
Le “Fils de” qui s’est fait un prénom
Boomer pur jus, Michael est “d’une génération marquée par le Vietnam” ainsi que par un rapport absolutiste à l’hédonisme, le faisant exceller dans les rôles d’adorables salauds. “J’ai compris après Wall Street que le public pourrait me pardonner beaucoup”, lâche-t-il. Sous les traits de Gordon Gekko, démoniaque trader brossé en 1987 par Oliver Stone, il incarne mieux que personne le cynisme des années 1980 dont il devient un des héros oscarisés. “J’avais beau être le méchant, les gens m’arrêtaient dans la rue et me disaient ‘ça c’est un vrai mec ! Je vous adore‘”, confie-t-il, amusé. À partir de ce moment-là, sa gloire est faite, et c’est Kirk qui devient le “père de”.
Michael Douglas jouera de cette ambiguïté dans Liaison dangereuse, La Guerre des roses, Basic Instinct ou encore Harcèlement, des films emblématiques d’une époque “où quelque chose n’allait pas entre les hommes et les femmes”, analyse-t-il. Si en ce temps-là, fin 1980-début 1990, l’archétype de mâle sûr de lui est volontiers malmené par la fiction – jusqu’à l’implosion dans Chute Libre, qu’Allouch voit très justement comme annonciateur de la “génération Trump” –, il est alors loin d’être déboulonné. L’est-il désormais ? Rien n’est moins sûr. Mais Douglas en aura personnifié le destin mieux que quiconque.
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