La chaîne Arte vient de s’engager sur quatre nouvelles coproductions. Voilà donc un avant-goût des films à venir du Mauritanien Abderrahmane Sissako, du Norvégien Joachim Trier, ainsi que de Bruno Podalydès et d’Aurélia Georges.
Après avoir annoncé fin septembre qu’elle coproduirait les prochains films des Français Julia Ducournau et Alain Guiraudie, du Russe Kirill Serebrennikov et du Philippin Lav Diaz, Arte a publié ce mercredi 20 novembre un communiqué de presse pour révéler ses nouveaux engagements, pris lors d’une réunion du comité de sélection d’Arte France Cinéma le 14 novembre. La chaîne franco-allemande coproduira les films à venir du Mauritanien Abderrahmane Sissako, du Norvégien Joachim Trier, ainsi que de Bruno Podalydès et d’Aurélia Georges.
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Abderrahmane Sissako atterrit en Chine
Depuis la sortie de Timbuktu en 2014, Abderrahmane Sissako avait disparu des écrans radars. Imagier de l’Afrique meurtrie par la prise de pouvoir des djihadistes, ce dernier film en date suivait le quotidien des habitants d’un village malien bouleversé par l’application radicale de la charia et soumis à l’aberration d’un intégrisme religieux qui vidait la vie de toute substance.
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Six ans plus tard, le réalisateur de La Vie sur terre (1998) et Bamako (2006) va enfin poursuivre sa réflexion sur la situation des peuples africains dans la géopolitique contemporaine avec La Colline parfumée. Sissako tournera dès avril 2020 ce film situé entre l’Afrique et l’Asie, où il s’envolera pour filmer la nouvelle vie de son héroïne Joice. Promise contre son gré à un mariage à domicile, la jeune femme, âgée d’une trentaine d’années, quitte alors son pays natal pour la Chine. Installée dans Chocolate City, le quartier africain de Guangzhou, elle est employée dans une boutique de thé.
« Le sujet de La Colline parfumée, qui parle de rencontres dans un monde en perpétuel mouvement, m’habite depuis fort longtemps » a déclaré le réalisateur.
Joachim Trier filme l’amour à Oslo
Après avoir filmé la solitude dans Oslo, 31 août, le deuil dans Back Home et l’enivrement adolescent corseté par la piété des adultes dans le surnaturel Thelma, Joachim Trier va investir le champ du sentiment amoureux avec La Pire personne au monde. Prenant une nouvelle fois pour décor la capitale norvégienne, ce nouveau film racontera les intermittences du cœur de Julie. A trente ans, la jeune femme quitte son compagnon Aksel, avec qui elle refuse d’avoir un enfant, pour Eivind. Si ce dernier représente la possibilité d’une vie nouvelle, le titre du film suggère que les attentes de Julie risquent bien d’être déjouées par la réalité.
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« Il m’aura fallu du temps pour m’attaquer à̀ un thème aussi universel que l’amour sans risquer de tomber dans le cliché, mais je pense avoir trouvé l’approche narrative et la forme filmique nécessaires à cette entreprise » a expliqué Joachim Trier, qui devrait, comme Sissako, entrer en tournage en avril 2020. Anders Danielsen Lie, révélé par Oslo, 31 août, sera de la partie.
Bruno Podalydès prend le pouls du monde moderne
Catapulté au début du XXème siècle avec Bécassine !, Bruno Podalydès reviendra à nos temps modernes avec Les Deux Alfred. Le personnage déboussolé qu’il incarnait dans Comme un avion n’est pas loin dans cette comédie sur des personnages dépassés par un monde qui avance à toute vitesse. Alexandre, chômeur et interdit bancaire, s’occupe seul des ses deux enfants. Alors que sa femme Albane est partie en mission sur un sous-marin nucléaire, il se met au défi de trouver un emploi et de prouver qu’il est un bon père.
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Interprété par Sandrine Kiberlain, Denis Podalydès et le réalisateur lui-même, Les Deux Alfred a recours à l’absurde pour témoigner de la difficulté de ses personnages à s’adapter à un monde volatil, où les cartes du jeu ne cessent d’être redistribuées. « Ce n’était pas mieux avant, il faut vivre avec notre temps, le rythme urbain est soutenu, il nous faut percevoir ce qu’on gagne et ce qu’on perd pour s’accorder enfin, voire déclencher quelques ruptures et déconnexions » a précisé Bruno Podalydès.
Beau casting chez Aurélia Georges
Aurélia Georges, qui avait réalisé les délicats L’Homme qui marche en 2008 et La Fille et le fleuve en 2015, va réaliser La Place d’une autre. Situé dans le premier quart du XXème siècle, pendant et après la Première Guerre mondiale, le film raconte l’histoire de Nelie, jeune infirmière sur le front qui prend après la guerre l’identité d’une femme de bonne famille qu’elle a vue mourir. Désormais appelée Rose, elle entre au service d’une femme très riche, Eléonore de Lengwil, dont elle devient la lectrice.
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Pour ce film d’époque consacré aux thématiques du mensonge et de l’hypocrisie, la réalisatrice a réuni un très beau casting féminin : Sabine Azéma, actrice fétiche et veuve d’Alain Resnais, jouera aux côtés des jeunes et talentueuses Anaïs Demoustier et Laetitia Dosch. Le tournage devrait commencer entre le printemps et l’été 2020.
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