En 2004, après le succès de Clean d’Olivier Assayas et son prix d’interprétation cannois, Maggie Cheung s’éclipsait des écrans sans même formaliser son départ. Séjour à Hong Kong pour tenter de percer le mystère de sa disparition.
Cannes, mai 2004. Le président du jury, Quentin Tarantino, annonce le nom de la lauréate du prix d’interprétation féminine : Maggie Cheung, pour le film d’Olivier Assayas, Clean. Dans ce portrait intimiste d’une chanteuse junkie qui se bat pour récupérer la garde de son fils, l’actrice asiatique, exilée depuis quelques années à Paris, réussit l’une de ses compositions les plus réalistes et touchantes.
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Cela fait déjà vingt ans qu’elle est une star. D’abord du cinéma asiatique populaire, dans des kung fu comedies avec Jackie Chan, des films d’action de Johnnie To ou Tsui Hark, puis des films d’auteur de plus en plus prestigieux (Stanley Kwan, Ann Hui…). Jusqu’à ce que le succès international des films de Wong Kar-wai, dont elle fut la muse pour cinq films, la canonise en icône absolue du cinéma moderne.
Au son des rumbas éplorées de Xavier Cugat et de Nat King Cole, dans un enivrant tournoiement de robes fleuries et de papiers peints chamarrés, In the Mood for Love, chronique envapée d’un amour inaccompli, impose son aura de chef-d’œuvre et de triomphe (plus d’un million d’entrées France).
Un projet à Hollywood, en France ?
Cette récompense cannoise marque un nouveau palier pour l’actrice qui, à 40 ans, a déjà obtenu cinq Hong Kong Awards (les oscars du cinéma asiatique) et un prix d’interprétation au Festival de Berlin (en 1992 pour Center Stage de Stanley Kwan).
https://youtu.be/I2rzeq4V00k
On imagine un rebond hollywoodien – cela fait déjà plusieurs années que Steven Spielberg lui tourne autour avec un projet intitulé Mémoires d’une geisha. Le succès en France de Clean quelques mois plus tard, assorti d’une nomination au César de la meilleure actrice, permet aussi d’imaginer une carrière dans le cinéma d’auteur francais. Et pourtant, rien ne vient.
Pourquoi une si prompte éclipse ?
Les années passent sans qu’aucun projet ne soit annoncé. Une rumeur se consolide : au firmament de sa carrière, Maggie Cheung aurait abandonné le cinéma. Sans même que, comme ce fut le cas à d’autres époques pour des stars encore jeunes, Greta Garbo ou Brigitte Bardot, d’annonce officielle ne soit faite.
Pourquoi une si prompte éclipse ? Que fait une star de sa retraite précoce ? Fait-on si facilement le deuil du cinéma quand on a été pendant deux décennies un si foudroyant véhicule ? C’est avec toutes ces interrogations en tête que nous sommes partis à sa recherche dans sa ville natale, Hong Kong.
Dans ses bureaux à l’ouest de la ville, elle nous reçoit, extrêmement enjouée, toujours ravissante et toute à l’excitation de sa nouvelle actualité : elle sort cette semaine son premier single. La chanson est une passion tardive.
https://youtu.be/drn7AVvnxX8
Dans une industrie où la plupart des grandes stars du cinéma étaient aussi des stars de la cantopop, Maggie Cheung était une exception. Son timbre était jugé trop grave pour les mélodies sirupeuses qui inondent les radios de Hong Kong. Et ses goûts musicaux, tournés vers le rock et la musique occidentale, ne la portaient guère vers cette guimauve produite à la chaîne.
Jeanne Balibar lui propose d’interpréter avec elle un duo sur son premier album
Longtemps donc, parmi les supernovae du cinéma de Hong Kong, elle était celle qui ne chantait pas. C’est en s’installant à Paris qu’elle a approché un autre type de musique. Jeanne Balibar lui propose d’interpréter avec elle un duo sur son premier album, composé par Rodolphe Burger. Sur ce morceau gainsbourien, intitulé Hélas, l’actrice laisse libre cours à sa belle voix rauque. Et pour la bande originale de Clean, l’année suivante, elle interprète plusieurs morceaux composés par David Roback, leader de Mazzy Star.
“Un déplacement s’est produit en douceur”
“Les chansons de Clean ont été pour moi une révélation. J’ai découvert à quel point j’étais attirée par l’univers des musiciens. Tout à coup, l’expérience du studio d’enregistrement me paraissait incomparablement plus intense que la vie sur un plateau de cinéma. Un déplacement s’est produit en douceur.”
“Aucun des projets cinématographiques qu’on me proposait après Clean ne m’intéressait. Et tandis que je disais non à tout, au désespoir de mon entourage professionnel, je m’intéressais de plus en plus à la musique. Un label, VMA, m’a approchée, sans but précis. J’ai suivi David Roback en studio, simplement en observation. J’ai rencontré Bardi Jóhansson (du groupe Bang Gang, collaborateur de Keren Ann – ndlr). J’ai fait des demos, sans bien savoir où cela allait m’emmener.”
“J’ai régulièrement changé de cap par amour”
“Et puis la vie m’a ramenée en Asie. S’il y a bien une constance dans mon parcours, c’est que j’ai régulièrement changé de cap par amour. J’ai suspendu ma carrière à Hong Kong pour vivre à Paris et me marier avec un Français (le cinéaste Olivier Assayas, – ndlr). Plus tard, j’ai rencontré un homme qui vivait à Pékin et je m’y suis installée cinq ans.”
“Après notre rupture, je suis revenue à Hong Kong. Et me suis décidée à mener à terme ce projet musical. A Pékin, où la culture alternative est beaucoup plus vivace qu’à Hong Kong, j’ai rencontré un petit label indépendant qui a choisi de produire le single qui sort cette semaine.”
Il s’intitule Look in My Eyes. Maggie susurre son texte d’une voix rocailleuse sur des boucles synthétiques qui évoquent Alison Goldfrapp. Un peu Jesus Zola aussi, une jeune artiste américaine qu’elle admire et dont elle nous montre les clips sur son ordinateur. Elle envisage d’enchaîner sur un album.
https://youtu.be/bcyooOT2ORE
“Il n’y a pas vraiment de marché pour ce type de musique à Hong Kong”
“Je sais bien qu’il n’y a pas vraiment de marché pour ce type de musique à Hong Kong, mais je ne vise pas spécialement le succès. Je le fais car c’est aujourd’hui la chose qui me procure le plus d’excitation et d’amusement professionnellement.”
Mais peut-on renoncer à la passion qui a aimanté vingt ans de sa vie simplement en découvrant un autre pôle d’intérêt ? Les raisons qui ont éloigné Maggie Cheung des plateaux ne sont-elles pas aussi intrinsèques au cinéma ?
“Bien sûr que les raisons sont multiples. Certaines sont d’ailleurs positives. Après Clean, et avec le prix d’interprétation cannois, j’ai eu l’impression que quelque chose se bouclait. Et que, tant qu’à s’éloigner, autant le faire après un succès. Après vingt ans, j’avais l’impression d’avoir mené une carrière assez riche, très diversifiée. Je me demandais donc ce que je pouvais encore ajouter à ça. Je ne voulais pas tout abîmer.”
Elle parle de sa fatigue à enchaîner des tournages difficiles et celui de In the Mood for Love (2000) a été un turning point. Fidèle à sa méthode de ne pas écrire de scénario et d’inventer le récit dans le temps du tournage, quitte à le modifier quotidiennement, Wong Kar-wai a retenu ses acteurs un an et demi sur le plateau. Pour finalement ne pas utiliser les deux tiers de ce qui avait été tourné.
“Un tournage de Wong Kar-wai est un exercice d’abandon radical”
“Un tournage de Wong Kar-wai est un exercice d’abandon radical. On accepte de tourner sans la moindre idée de ce à quoi va ressembler le film. On ne sait jamais quand ça va finir. Ma vie sentimentale a été considérablement endommagée par ce tournage qui n’arrêtait pas de déborder. Et puis, je subissais cinq heures de coiffure et de maquillage par jour. Comme Wong Kar-wai voulait tourner à l’aube, je me levais tous les jours à une heure du matin pour être prête à sept. J’ai calculé qu’en un an et demi de tournage j’ai passé cinq cents heures à être coiffée et maquillée. C’est beaucoup quand même !” (rires)
Sur Hero (2002), le film d’arts martiaux de Zhang Yimou, elle évoque les neuf mois de tournage éreintants à tourner des scènes d’action dans la neige ou le désert. “Quand j’étais très jeune, j’ai failli mourir lors d’une cascade dans un film avec Jackie (Chan). A l’époque, je pensais qu’on pouvait risquer sa vie pour un film. En avançant dans ma carrière, je me suis dit que je ne le ferai plus pour des films de divertissement, que je considérais juste comme mon métier, mais que je pouvais encore me mettre en danger d’une autre façon en me rendant à ce point disponible pour un projet artistique avec lequel je me sentais dans une très forte adhésion, comme le cinéma de Wong Kar-wai. Aujourd’hui, je ne ressens plus cette nécessité pour aucune forme de cinéma.”
“Il y a une pression mise sur l’apparence physique des actrices”
On lui parle alors de Garbo, et de ce geste consistant à retirer son image de la vie publique pour en confisquer le spectacle de l’altération. “Dans ma vie, je m’accommode assez tranquillement du fait de vieillir. Ce n’est pas une source particulière d’angoisse. Je sais très bien que je suis moins jolie qu’il y a dix ou quinze ans et c’est normal. Mais c’est assez pénible de gérer ça au cinéma.”
“Il y a une pression mise sur l’apparence physique des actrices. Le milieu du cinéma les contraint à recourir à des opérations de chirurgie esthétique comme condition à ce qu’on les emploie. Jusqu’à ce qu’elles se soient complètement défigurées et qu’on leur dise qu’elles ne sont plus filmables. C’est d’une perversité et d’une cruauté intolérables et je n’avais pas envie de rentrer là-dedans.”
“De fait, il y a très peu de rôles développés pour une femme de mon âge. En tout cas dans le cinéma de Hong Kong, parce qu’en France Juliette Binoche ou Isabelle Huppert peuvent encore enchaîner de beaux rôles dans des films intéressants. De toute façon, le milieu du cinéma est extrêmement sexiste à Hong Kong. Ça arrive fréquemment que les jeunes actrices soient harcelées sexuellement. Et les rôles féminins sont souvent stéréotypées.”
Dans un cinéma qui consomme les starlettes comme des produits expressément périssables, elle est pourtant parvenue à durer et à acquérir un prestige de grande actrice dans des rôles complexes et de premier plan. “Je crois que c’est en partie grâce à des cinéastes femmes (Clara Law, Mabel Cheung, et surtout la grande Ann Hui, pour qui elle a interprété un drame déchirant, Song of Exile – ndlr) ou homosexuels, comme Stanley Kwan (qui lui a offert deux de ses plus beaux rôles dans Full Moon in New York et le sublime Center Stage, où elle jouait justement une star de cinéma brisée par la cruauté de l’industrie et des médias – ndlr).” Pourtant, son plus grand mentor reste un homme hétérosexuel.
“C’est vrai que le cinéma de Wong Kar-wai a une intelligence très fine de la psyché féminine. Mais ce n’est peut-être pas sans rapport avec l’homosexualité de son monteur et directeur artistique, William Chang, dont l’apport à l’esthétique de Kar-wai est crucial.”
“Le personnage de Bambou n’était pas le plus passionnant du récit”
Parmi les films qu’elle a refusés, on lui demande si elle a parfois hésité. Elle évoque Par effraction, le dernier film du défunt auteur du Patient anglais, Anthony Minghella, où elle devait être la partenaire de Jude Law et Juliette Binoche.
“Je n’aimais pas la résolution du récit et je lui ai demandé de la modifier. Il a refusé et a engagé Robin Wright pour le rôle. Mais quand j’ai vu le film, j’ai vu qu’il avait changé la fin !” (rires) Il y a aussi Gainsbourg de Joann Sfar, où on lui a proposé le rôle de Bambou. “Je n’aimais pas le scénario, mais je me suis sûrement trompée car on m’a dit que le film était bien. Mais bon le personnage de Bambou n’était pas le plus passionnant du récit.”
Et puis il y a le seul film pour lequel elle a dit oui et dans lequel finalement elle n’est pas : Inglourious Basterds. “J’admire Tarantino et j’ai accepté le rôle de la tante de Mélanie Laurent, la propriétaire du cinéma. J’ai tourné quatre jours et finalement il a coupé le rôle au montage. Il a eu la délicatesse de me dire que c’était parce que le film etait trop long et cette sous-intrigue inutile. Mais je crois surtout que je n’étais pas bonne.”
“Quand Tarantino m’a dit que j’étais coupée, ça a été un vrai soulagement”
“Le rôle avait été écrit pour Isabelle Huppert et comportait des pages de monologue à dire en plan-séquence. Mon français s’était affaibli depuis Clean, je n’y arrivais pas. Il aurait dû réécrire le personnage pour que je joue en anglais ou ne pas filmer en plan-séquence. Mais il y tenait. C’était d’autant plus stressant que Quentin est l’un des rares cinéastes aujourd’hui à ne pas être rivé sur son prompteur pendant les prises. A l’ancienne, il se tient au bord du champ en face de vous et vous fixe pendant toute la prise. J’étais très inquiète du résultat et quand il m’a dit que j’étais coupée, ça a été un vrai soulagement.”
Difficile de ne pas lire un signe dans cette tentative de retour malheureux et sans lendemain sur les écrans. Si Tarantino compte parmi ses cinéastes préférés, son idole reste Bergman : “C’est le cinéaste le plus profond, celui qui sonde avec le plus d’acuité la psyché. Je lui ai écrit une lettre pour lui dire à quel point je l’admirais. Je n’ai jamais eu le courage de la lui envoyer et il est mort. Alors, j’ai écrit une lettre à mon autre cinéaste préféré, David Lynch, me disant que cette fois je ne resterai pas sur un regret. C’était une longue lettre et j’ai reçu une réponse : une petite carte avec juste écrit ‘Merci Maggie’. Comme quoi, que l’on envoie ou pas les lettres, ça ne change pas grand-chose.” (rires)
L’apogée de la carrière de Maggie Cheung a correspondu à un âge d’or du cinéma asiatique
Elle ne voit plus beaucoup de films de Hong Kong. “Quelquefois quand je prends l’avion, mais très peu m’intéressent.” Le cinéma de Hong Kong est de toute façon assez malade. La production a chuté de deux cents films par an il y a vingt ans à seulement cinquante. L’apogée de la carrière de Maggie Cheung a correspondu à un âge d’or de la reconnaissance cinéphile du cinéma asiatique.
Son imaginaire a irrigué toute l’imagerie du cinéma mondial des années 1990 jusqu’à Hollywood qui a pillé ses stars (Jet Li, Michelle Yeoh, Chow Yun-Fat appelés dans des blockbusters américains) et ses créateurs (les périodes hollywoodiennes de John Woo, Tsui Hark, les combats de Matrix réglés par le plus grand chorégraphe d’arts martiaux Yuen Woo-ping, l’appropriation du wu xia pian par Hollywood avec le hit Tigre et dragon). Sans parler de la fortune du cinéma de Wong Kar-wai, de la scène des plus grands festivals à la culture visuelle la plus mainstream (pillé par la mode, les clips, emblème du cool à la fin du dernier millénaire).
Depuis, tous ces talents sont rentrés à Hong Kong et l’imaginaire du cinéma mondial s’est décentré de l’Asie. “Je ne pense pas que mon retrait du cinéma soit directement lié à cette perte d’aura du cinéma de Hong Kong. Mais le fait est que je ne vois pas aujourd’hui l’éclosion de nouveaux cinéastes intéressants ou l’émergence de films auxquels j’aimerais être associée.”
La ville a aussi perdu de son ascendant culturel sur la Chine. Depuis la rétrocession en 1997 et l’ouverture de la Chine à l’économie de marché, l’essentiel du cinéma asiatique se fait désormais à Pékin. “Ce sont d’énormes films historiques en costumes, dont l’essentiel ne franchit plus les frontières du marché asiatique. C’est drôle parce que les rapports de domination se sont inversés entre les Chinois de Hong Kong et les continentaux. Dans les années 1980, les premiers méprisaient les seconds, étaient d’une arrogance folle. Aujourd’hui, il y a beaucoup d’argent en Chine, les Chinois les plus favorisés considèrent l’ex-colonie comme une boutique géante où tous les Hong-Kongais font partie du personnel. D’une certaine façon, c’est un juste retour des choses.” (rires)
“Mon rêve était d’être coiffeuse”
Si Hong Kong est son berceau, la culture de Maggie Cheung est mixte. Lorsqu’elle a 8 ans, sa famille quitte la colonie pour s’installer en Angleterre. “J’ai grandi dans une petite ville au sud de Londres. J’ai passé mon adolescence à faire du vélo dans la forêt anglaise, à écouter la pop de l’époque, Blondie ou Supertramp. Mon rêve était d’être coiffeuse. Après le bac, j’ai passé le concours d’une école de mode enseignant le stylisme, le maquillage et la coiffure. L’été, en attendant les résultats, je suis partie avec ma mère voir de la famille à Hong Kong.”
“Pour m’occuper, j’ai participé à un concours de beauté. J’ai fini deuxième et j’ai eu des propositions de pubs, de mannequinat. Ma sœur, restée à Londres, m’a alors appris que j’avais échoué au concours de l’école. J’ai donc renoncé à mon rêve d’être coiffeuse et choisi sur un coup de tête de rester à Hong Kong que je connaissais très peu. En fait, où que je sois, je suis toujours un peu l’étrangère. Quand j’étais enfant en Angleterre, les petites filles de ma classe n’avaient jamais vu de Chinoise et touchait mes yeux, mes cheveux, mes mains. Jeune fille catapultée à Hong Kong, je me sentais un peu provinciale dans cette mégalopole. Puis il y a eu Paris…”
A la croisée de plusieurs continents, sa vie a souvent pris des bifurcations imprévues. “C’était un peu fou de tout quitter de ma vie en Angleterre pour tenter ma chance dans le spectacle à Hong Kong. Comme il était un peu fou, à 30 ans, de m’installer en France et fuir le territoire où j’étais une star. Ou encore, dix ans plus tard, d’arrêter le cinéma et ne plus m’intéresser qu’à la musique.”
“Je me dis que je trouverai toujours le chemin”
“J’ai très peu de confiance en moi, mais j’ai confiance en une vague étoile, une sorte de destinée. Je me dis que je trouverai toujours le chemin, que je ne serai jamais piégée. En fait si, je me suis souvent sentie piégée, mais ça ne m’empêche pas de tout risquer et d’aller vers l’inconnu. Ça ne m’angoisse pas.”
“Après douze ans loin des plateaux, actrice est un titre que je ne mérite plus !”
Aujourd’hui, Maggie Cheung se consacre pleinement à sa compagnie de production, avec laquelle elle compte développer d’autres artistes d’indie-pop sur le marché asiatique. Elle se passionne pour le montage, qu’elle a appris à maîtriser, a même monté récemment une pub pour une marque de vêtements tournée par une de ses amies. “Si aujourd’hui un jeune cinéaste talentueux me proposait de choisir entre jouer dans son film ou le monter, je choisirais sans hésiter de le monter.”
De temps en temps, elle flirte avec le milieu de la mode, participe à une campagne ou se rend à des défilés. “Ce sont des revenus moins contraignants que d’accepter des mauvais films pour gagner sa vie.” Elle passe aussi beaucoup de temps sur internet. “Surtout la nuit. Comme vous m’avez parlé de ce groupe français que je ne connaissais pas, La Femme, je vais passer la nuit à regarder tous leurs clips, chercher les titres que je préfère… Je regarde aussi beaucoup de late shows américains. J’adore celui dans une voiture de James Corden. Je suis très fan de Jimmy Fallon. J’ai l’impression que leur idiotie fait du bien au monde.”
On lui demande alors quelle serait sa réponse aujourd’hui si quelqu’un ne la connaissant pas lui demandait son métier. Répondrait-elle “j’étais actrice” ou encore “je suis actrice” ? “J’étais actrice, bien sûr ! Après douze ans loin des plateaux, actrice est un titre que je ne mérite plus ! Mais vous savez, je ne repense à mon passé que parce que vous m’interrogez. A quelqu’un qui ne me connaît pas, je n’en parle pas. Donc, premièrement, je répondrais “j’étais actrice”, mais si on ne me le rappelle pas, je peux très facilement oublier que je l’ai été.”
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