La bande-annonce du film de Sam Raimi, contenant une séquence inédite autour du World Trade Center, refait surface dans une qualité plus que satisfaisante. Un beau morceau d’histoire.
Durant l’été 2001, les cinémas américains présentent une bande-annonce hautement attendue : celle du Spider-Man de Sam Raimi, prévu pour sortir l’année suivante sur les écrans du monde entier. Il faut imaginer que l’hégémonie du genre super-héroïque n’en est qu’à son sursaut, alors que le succès du X-Men de Bryan Singer (2000) rachète quelque peu les échecs des Batman de Joel Schumacher. Personne ne pense alors les technologies suffisantes pour amener à la vie les êtres surhumains dessinés dans les comics.
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Et pourtant, ce trailer (ou plutôt ce court métrage promotionnel) met une claque à tout le monde. On assiste à un braquage de banque parfaitement orchestré, où les criminels finissent par utiliser un hélicoptère qui vole au-dessus des rues de New York, avant d’être entoilé entre les tours du World Trade Center. Cette image à elle seule est incroyable, spectaculaire, et offre des enjeux d’échelle absolument dantesques, en adéquation avec la note d’intention encore aujourd’hui indétrônable de Sam Raimi.
Et puis, c’est le choc. Les avions détournés par Al-Qaïda frappent les Twin Towers le 11 septembre 2001, détruisant l’un des symboles élémentaires de New York, la ville censée être protégée par Spider-Man. Le traumatisme de l’Amérique est tel que Sony Pictures, comme tous les autres studios hollywoodiens, décide de supprimer toute représentation des tours, amenant cette bande-annonce à disparaître de la circulation.
Un bijou de publicité
Dès lors, au-delà de son succès au moment de sa diffusion, ce trailer a gagné une aura quelque peu mystique, tel un Graal qu’Internet a réussi à ponctuellement conserver dans une qualité médiocre, étant donné qu’il a longtemps été difficile de numériser correctement des morceaux de pellicule. Fort heureusement, la chaîne Youtube Yoshi Killer2S est parvenue à proposer un scan 4K de la bande-annonce, obtenu à partir d’une copie 35mm. On peut donc enfin profiter de ce bijou de publicité dans les meilleures conditions, tout en se demandant si le braquage est ou non une scène coupée du film.
A vrai dire, il est sur ce point difficile de trancher. Le style dynamique et clippesque de la mise en scène ne correspond pas au reste du métrage, ou plus généralement à la réalisation de Sam Raimi (on dirait même plus du Tony Scott, notamment dans les effets d’accéléré qui trouvent leur paroxysme dans le travelling arrière impressionnant sur les tours jumelles). La séquence pourrait donc avoir été créée uniquement pour la bande-annonce. Néanmoins, un remontage est également envisageable, et de nombreuses rumeurs circulent sur le web, pensant que la scène aurait pu être l’ouverture du film, déclenchant par la suite un flash-back sur les origines du super-héros. Il est vrai que le hors-champ brillant sur lequel est construit l’extrait met la puce à l’oreille, et aurait pu être une introduction intéressante de Spider-Man à l’écran.
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En tout cas, la scène continue d’engendrer une émotion particulière, comme si l’on avait devant les yeux un morceau d’histoire reflétant la fin d’une époque que l’on ne peut plus fantasmer. Pour n’importe quel super-héros, perdre un attribut peut totalement le redéfinir, comme un mythe qu’on priverait d’une part de lui-même. Et Spider-Man, en tant qu’autre symbole new-yorkais, a accompagné le traumatisme du 9/11.
Que peuvent faire les héros de fiction face au réel ? C’est la question que se sont posée les comics après la catastrophe. Impossible de réécrire les événements. En décembre 2001, Marvel publie le numéro 36 de The Amazing Spider-Man (Vol. 2) avec une couverture d’un gris noir uni. L’Homme-Araignée n’a pas pu anticiper les attentats. Il ne peut que contempler, horrifié, dans une double page historique, les ruines du World Trade Center.
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