Et c’était difficile car on les adore (presque) tous.
7. Mission impossible 2 (2000)
John Woo prend les rênes de ce qui n’est pas encore une saga cohérente et s’attache à pousser des curseurs qui siéent plus à son propre cinéma qu’à celui de Mission impossible : une exacerbation déréalisante des scènes d’action (on pense plus à John Wick qu’à Ethan Hunt), une simplification regrettable de l’intrigue, tranchant nettement avec la complexité proverbiale des autres épisodes, et enfin un érotisme beauf pas toujours bienvenu.
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Point fort : La version Limp Bizkit du thème de Lalo Schifrin, mais c’est notre adolescence qui parle.
Point faible : Cruise en bellâtre vacancier à coupe mi-longue et peau monoïée, désolé mais on dirait Thierry Lhermitte dans Les Bronzés.
6. Mission impossible : Fallout (2018)
Un épisode intercalaire, qui manque de souffle propre et fait quelque peu l’effet d’un Rogue Nation bis et amoindri : même méchant, même canevas stylistique. Tout semble aussi exceptionnel que routinier, ce qui est à la fois la force et la faiblesse du film : un panache à demi-comique à enchaîner les cascades et poursuites les plus démesurées avec le détachement de celui pour qui tout ça, ça s’appelle un mardi ; et en même temps une perte d’accès à l’intensité, un effet de roulis dépassionné, où la saga doit tout de même tâcher de retrouver où bat son cœur.
Point fort : Un bijou d’écriture à la John le Carré, entre rivalité des agences, valse des identités et géopolitique de deep states.
Point faible : Le regrettable départ de Jeremy Renner (qui a préféré se consacrer à Avengers, où il est pourtant beaucoup moins bien), et la circulation bloquée pendant deux mois de tournage à Paris.
5. Mission impossible : Rogue Nation (2015)
Cinquième place, même si à partir d’ici il n’y a déjà plus que de l’orfèvrerie de précision. Rogue Nation pose les jalons de l’ère McQuarrie : surenchère prototypique des cascades (en ouverture, Cruise s’accroche à l’extérieur d’un avion de ligne en décollage), vaporisation de l’intrigue dans un nuage indistinct de quintuples agents où tout le monde joue pour tous les camps à la fois. L’ennemi devient chimérique et les péripéties prennent des airs de paysage mental (on assiste d’ailleurs aux premières scènes de rêve).
Point fort : Ilsa Faust, plus fascinant personnage de la saga, voire plus fascinant homologue féminin de toute la carrière de Cruise, et pas seulement grâce à la splendeur bergmanienne (au sens Ingrid) de Rebecca Ferguson.
Point faible : McQuarrie est certes un artisan hors pair, mais aussi à ce stade un faiseur sans âme : la saga cesse d’être une collection de blockbusters griffés de grands cinéastes.
4. Mission impossible : Dead Reckoning, partie 1 (2023)
La fin approche, et logiquement l’enfance remonte. McQuarrie a pris de l’envergure et mène double jeu : en même temps qu’il tire vers une abstraction futuriste du genre (le deus ex machina antagonistique, sans corps ni dessein : l’Entité, un virus insaisissable tenant le monde dans sa main immatérielle), il retrouve contre toute attente le grand style depalmien : les motifs du masque, de la mèche, les conciliabules théâtraux, le dandy hitchcockien Henry Czerny, et bien sûr les trains.
Point fort : Mieux que le saut à moto de haut de falaise suisse (spoilé des lustres avant la sortie par une promo discutable), l’époustouflante verticalisation de l’Orient-Express.
Point faible : Moyenne d’âge des stars masculines : 60 ans et demi. Il est effectivement temps de songer à la retraite.
3. Mission impossible (1996)
Le premier réalisateur de la renaissance de la saga au cinéma reste encore le plus grand. De Palma installe les pions avec toute son emphase baroque et sa perversion d’héritier retors (d’Hitchcock bien sûr, mais aussi de Kubrick, et bien sûr du feuilleton de Bruce Geller). Il joue de nos attentes comme un tigre avec sa proie et casse brillamment le jouet avec la pulvérisation prématurée de non pas une, mais quatre stars dès le premier quart d’heure (dans le jargon, on appelle ça un quadruple Psychose), ouvrant le récit sur un état de crise permanente que la franchise ne quittera plus.
Point fort : Le maniérisme resplendissant.
Point faible : Jean Reno.
2. Mission impossible 3 (2006)
Un épisode en ébullition, pure adolescence de la forme, éprise de couleurs chaudes, de pistes sentimentales (Ethan Hunt se marie, part en lune de miel) et d’états extrêmes. J. J. Abrams réalise pour la première fois et s’inscrit dans la mode stylistique de son temps (un rendu baveux et sursaturé à la Tony Scott) mais aussi et surtout dans un sens très particulier de l’urgence perpétuelle et de la sidération par l’excédent (le sauvetage militarisé de Davian, authentique ahurissement), qui deviendront bientôt sa signature.
Point fort : Philip Seymour Hoffman, meilleur méchant de la licence.
Point faible : On ne croit pas une minute à cette romance (mais c’est peut-être bien assumé secrètement par le film).
1. Mission impossible : Protocole fantôme (2011)
Protocole fantôme est peut-être un médaillé d’or inattendu, mais c’est le Mission impossible qui contient tous les autres, compile les empreintes stylistiques de ses trois prédécesseurs tout en annonçant la grande symphonie opératique d’espionnage des années McQuarrie (déjà au scénario) à venir. Brad Bird vient de l’animation et donne à tout ce qu’il touche un caractère de jouet, une ligne claire de bande dessinée. Le film est un ravissement permanent, insolemment joyeux et ludique sous une menace d’apocalypse atomique, doublé d’un vrai film de bande, une célébration hawksienne de la camaraderie.
Point fort : La séquence sur le Burj Khalifa, vingt minutes d’absolue maestria chorégraphique et de suspense haut de gamme nichées sur le plus haut gratte-ciel du monde.
Point faible : L’épilogue à Seattle, justifié par un maigre twist qui aurait pu être inséré ailleurs, et nous épargner cette scène de pep talk autosatisfait puérile et lourdingue.
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