Alors que sa nouvelle série, “Sugar”, est disponible sur Apple TV+, retour sur la carrière de l’acteur irlandais, de “Minority Report” à “The Lobster”, en passant par “Le Nouveau Monde”.
Dans Sugar, sa nouvelle série à voir sur Apple TV+, Colin Farrell incarne un détective privé cinéphile qui se réfère constamment aux grands acteurs classiques. Un homme-cinéma, en somme. De quoi nous donner envie de revenir sur une carrière débutée dans les années 2000, durant laquelle l’Irlandais a enchainé blockbusters, tentatives indés et métamorphoses diverses, avec l’assurance d’un acteur majeur. Voyage dans ses neuf meilleurs rôles à nos yeux.
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9. Alexandre (2004), d’Oliver Stone
Vingt ans après sa sortie, Alexandre d’Oliver Stone n’est toujours pas un bon film, mais une curiosité post-peplum où Colin Farrell (alors jeune acteur révélé par Joel Schumacher avec Tigerland et Phone Game) s’affiche blond platine et en jupette. Est-il pour autant queer dans cette épopée qui le voit flirter avec Héphaestion – joué par Jared Leto, tout une époque – et conquérir le monde avec cruauté ? Pas vraiment, malheureusement, sa seule scène de sexe se jouant en mode hétéro. Mais Farrell a le mérite de poser ici le dilemme qui fait de lui un acteur intéressant : une forme de distance entre le trop plein de testostérone et un regard, des attitudes qui laissent penser qu’il ne demande qu’à y échapper.
8. The Lobster (2015), de Yorgos Lanthimos
Débraillé, décoiffé, moustachu, timide : Colin Farrell s’amuse cette fois-ci avec la masculinité contemporaine pour Yorgos Lanthimos, dans ce film-fable qui imagine un monde où des célibataires finissent transformés en animaux s’ils ne trouvent pas l’âme sœur. À l’aise avec le malaise dès la scène d’ouverture de The Lobster, où il répond aux questions intrusives d’une femme sur ses préférences intimes, Farrell trouve ici l’un de ses rôles les plus féroces, tentant d’apporter une épaisseur humaine au regard parfois presque misanthrope du cinéaste. Ils se retrouveront en 2017 avec La Mise à mort du cerf sacré.
7. The Batman (2022), de Matt Reeves
Il aurait pu, à un moment, prétendre incarner Batman. Mais dans sa génération, Christian Bale et Ben Affleck ont décroché le pompon. Colin Farrell a du attendre 2022 et The Batman de Matt Reeves, pour entrer dans la peau… du Pingouin. Tout le contraire d’un beau gosse. Dans cette fresque mélancolique sur nos temps plombés, l’acteur apparait bouffi, enlaidi par des prothèses, seul personnage au grotesque assumé. Son sens du pathétique joue à plein. Sa performance a tapé dans l’œil de HBO, qui lui a offert une série sur la chaîne Max. The Penguin arrive cet automne.
6. Les Proies (2017), de Sofia Coppola
Rarement filmé par des réalisatrices, Colin Farrell interprète pour Sofia Coppola un soldat de la guerre de Sécession accueilli dans une maison bourgeoise paumée dans la campagne, peuplée uniquement de femmes menées par Nicole Kidman. Les longues séances de soin sur le corps amoché mais puissant de Farrell font le sel de ce film par ailleurs un peu trop théorique sur le désir féminin. Scruté de près et souvent maltraité, provoquant le trouble, le comédien y donne de sa personne avec un plaisir évident.
5. True Detective saison 2 (2015), de Nic Pizzolatto
La saison mythique de la série créée par Nic Pizzolatto est plutôt la première, où s’ébrouent Matthew McConaughey et Woody Harrelson en flics hantés et poisseux. Mais on oublie souvent que Colin Farrell a repris le flambeau avec Rachel McAdams et Taylor Kitsch, alors que la série se déplaçait en Californie. En dix épisodes, l’acteur échappe à plusieurs situations dramatiques et traîne un spleen féroce. Son personnage est un ancien addict en proie à une violence fondamentale. Colin Farrell lui-même a effectué plusieurs séjours en “rehab” et dit s’être inspiré de son passé pour le rôle de Ray Velcoro.
4. After Yang (2021), de Kogonada
Dans la veine indé qui lui a valu une certaine reconnaissance (chez Woody Allen avec Le Rêve de Cassandre ou dans Bons Baisers de Bruges de Martin McDonagh), ce film de Kogonada est sans doute le plus émouvant. Colin Farrell joue un père de famille qui adopte un robot avec sa femme, pour que leur première fille adoptive se connecte à ses racines asiatiques. Mais Yang tombe en panne et Jake (Farrell) retrouve le fil des vies antérieures de ce robot trop humain. Un mélo familial qui révèle un aspect peu exploré de son talent.
3. Minority Report (2002), de Steven Spielberg
Si Tom Cruise tient le haut du pavé dans le chef-d’œuvre de Spielberg adapté de Philip K. Dick, Farrell incarne un agent du Département de la Justice réalisant un audit sur le système “precrime”, destiné à arrêter des personnes avant qu’elles ne commettent un crime. L’acteur y est parfait, d’abord d’une arrogance tétanisante, jusqu’à lentement découvrir la vérité sur les failles de la surveillance à tout prix. Un beau personnage moral, à l’élégance hollywoodienne intemporelle.
2. Le Nouveau Monde (2005), de Terrence Malick
“Tel un Dieu, il m’apparaît.” Pocahontas parle ainsi de John Smith, l’homme dont elle est tombée amoureuse, au risque de renier son peuple. Et John Smith, c’est Colin Farrell, d’une fragilité bouleversante, tout entier voué à son personnage (un colon anglais débarqué en Amérique) qui pourrait être conquérant mais se révèle toujours vaincu. Dans la cosmogonie du grand Terrence Malick, il est une pierre, un torrent, un arbre comme les autres, fondu dans le paysage et l’élan romanesque du film avec intensité.
1. Miami Vice (2006), de Michael Mann
Le plus beau film avec Colin Farrell est une odyssée mélancolique à Miami pleine de costards trop larges et de coiffures improbables. Remake au cinéma de la série eighties de Michael Mann, ce Miami Vice en forme de trip nocturne donne l’occasion à l’acteur de déconstruire méthodiquement la figure du héros viril, parvenue à un stade terminal. Comme une pure image perpétuellement modelable, son Sonny Crockett reste dans les mémoires par quelques gestes las, des yeux perdus et un amour tenace du chaos.
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