Le service cinéma des “Inrockuptibles” offre son classement de l’ensemble des œuvres réalisées par l’Américain Steven Spielberg.
34. Le BGG – Le Bon Gros Géant (2016, avec Mark Rylance, Ruby Barnhill)
Considérée unanimement comme le moins bon film du roi de l’entertainment, cette adaptation du classique de la littérature jeunesse de Roald Dahl en a rendu·e circonspect·e plus d’un, surtout en raison de sa difformité visuelle, impensable pour le prodigieux formaliste qu’est Spielberg. Si certain·es ont redouté d’y voir la première marque du déclin d’un grand artiste, le cinéaste n’a pas laissé le doute s’installer longtemps en réalisant l’année suivante Pentagon Papers, l’un des plus beaux films de sa filmographie. Preuve que ce Bon Gros Géant n’était qu’un simple faux pas qu’on a déjà oublié.
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Ludovic Béot
33. La Couleur pourpre (1986, avec Whoopi Goldberg, Danny Glover)
La Couleur pourpre, malgré son ambition de mélo antiraciste édifiant, compte parmi les films les moins inspirés de Spielberg. Porté par Whoopi Goldberg et Danny Glover et adapté du prix Pulitzer d’Alice Walker, le film est fourré d’une dose de bons sentiments si gras et sucrés qu’il en devient parfois gênant, voire démagogique. Ajoutez à cela une mise en scène académique assez insipide et vous obtenez un Spielberg qui frôle l’indigestion, aussi nobles soient ses intentions de départ.
Bruno Deruisseau
32. Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal (2008, avec Harrison Ford, Shia LaBeouf, Cate Blanchett, Karen Allen)
La famille Jones s’agrandit, puisqu’Indiana Jones se découvre un fils déjà grand (joué par Shia LaBeouf). L’incipit du film, estomaquant, étonnant, poétique, atomique, est presque un hommage à Zabriskie Point d’Antonioni. Les méchants russes (dirigés par Cate Blanchett) succèdent aux nazis puisque la guerre est terminée, et les dieux évoqués sont ceux d’Amérique du Sud, voire de plus loin. Le film abuse des effets spéciaux, surtout sur la fin, mais demeure plaisant.
Jean-Baptiste Morain
31. Amistad (1997, avec Morgan Freeman, Matthew McConaughey, Anthony Hopkins, Djimon Hounsou)
Amistad convoque un peu du meilleur, mais surtout du pire des habitudes de Spielberg. Auto-investi d’une mission d’historien-cinéaste, le réalisateur raconte comment une embarcation chargée d’esclaves africains arrive malheureusement en terres américaines, où ils sont emprisonnés et jugés pour meurtre. Pour les trente premières minutes parlées uniquement en mendé assez puissantes, on subit ensuite plus de deux heures de vain brouhaha juridico-historique.
Nicolas Moreno
30. Le Terminal (2004, avec Tom Hanks, Catherine Zeta-Jones)
Le regard étranger et ingénu du personnage principal, un touriste d’Europe de l’Est incarné par Tom Hanks se retrouvant bloqué à l’aéroport JFK, permet à Spielberg de dénoncer la politique sécuritaire de George W. Bush après les attentats du 11 septembre. Le terminal devient alors une micro-société américaine, cosmopolite (l’homme de ménage indien, le bagagiste mexicain) et surveillée par un État paranoïaque, incarné par le chef des douanes et ses agents de sécurité. Une fable politique intéressante qui tombe cependant trop souvent dans la mièvrerie.
Maud Tenda
29. Sugarland Express (1974, avec Goldie Hawn, Ben Johnson)
Premier film conçu pour le cinéma après le téléfilm Duel, Sugarland Express est certainement l’un des films les moins identifiables de son auteur. Dans cette comédie noire de cavale inspirée d’un fait divers macabre, l’intrigue se meut petit à petit en un plaidoyer féroce contre les armes à feu (le film sera d’ailleurs un échec cuisant aux États-Unis). Malgré la cocasserie du trait renforcée par un travail sur le burlesque, ce qui étonne ici, c’est l’absence de tout optimisme. Une qualité que Spielberg parvient pourtant à sauver dans le reste de toute sa filmographie. Même, à raison ou à tort, du plus terrible océan de noirceur (“l’happy end” de La Liste de Schindler).
L. B.
28. Hook (1991, avec Robin Williams, Dustin Hoffman, Julia Roberts)
Racontant la vie de Peter Pan devenu adulte, Hook n’est pas le film pour enfants le plus réussi de Spielberg, loin de là ; on lui préfère largement E.T., l’extra-terrestre. Si son casting initial nous laisse rêveur (David Bowie en Capitaine Crochet et Michael Jackson en Peter Pan), le casting réel donne un avant-goût de l’indigestion crémeuse que constitue finalement le film : Robin Williams, Julia Roberts, Dustin Hoffman, Gwyneth Paltrow ou encore Phil Collins.
B. D.
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