Docufiction un peu forcé sur le quotidien d’un couple de comédiens.
Un étrange projet fait de bric et de broc, tourné en français par des réalisatrices d’origines différentes (la Brésilienne Petra Costa et la Danoise Lea Glob), et coproduit par l’acteur américain Tim Robbins. C’est annoncé comme un documentaire, mais on n’y voit pas grand-chose de réel, hormis la relation amoureuse des acteurs principaux, Serge Nicolaï et Olivia Corsini, qui sont justement comédiens de théâtre.
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Le récit est construit autour de la grossesse réelle d’Olivia, et filmé sur un mode pseudo-brouillon (donc pseudo-spontané), style reportage, vidéo légère et agitée. Tout sur les états d’âme d’une femme et sur ses interactions avec son entourage (dont son compagnon, Serge) à un moment-clé de son existence. En parallèle, on assiste aux répétitions de la pièce La Mouette, dont le couple tient les deux rôles principaux. Histoire non pas de mêler la vie et le théâtre dans une optique de distanciation, à la manière de Renoir ou de Rivette, mais plutôt d’établir des correspondances entre Olivia et son personnage de Nina sur scène. Démarche extrêmement redondante puisque cette œuvre de Tchekhov est déjà, au départ, une mise en abyme du théâtre.
Par ailleurs, la partie intimiste n’est pas tellement réelle non plus car elle est verrouillée et canalisée. Si les séquences ne sont sans doute pas strictement écrites, elles ont en tout cas été préparées et répétées, et le filmage n’a rien d’impromptu. Cela donne une impression gênante de fausse intimité, de néocinéma vérité, qui pouvait fonctionner dans des drames torrides (chez Cassavetes, par exemple), mais pas ici, où l’on s’attache souvent trop à l’aspect anecdotique du vécu (le père montant un meuble Ikea, par exemple) pour faire plus vrai. Bref, pas de quoi fouetter un goéland, mais pas de quoi crier au petit miracle artisanal non plus.
Olmo et la Mouette de Petra Costa et Lea Glob (Fr./Dan./Bré./Por., 1 h 25, 2014)
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