Très actifs pendant la campagne électorale de 2008, certains artistes et industriels majeurs d’Hollywood prennent leur distance avec le camp démocrate de Barack Obama. Entre regrets et amertume, un divorce très médiatique qui risque de peser sur les finances du Président américain.
« Je pense réellement qu’il a mal interprété le mandat qu’il a reçu. Un de mes amis m’a dit l’autre jour, et je pense que c’était très juste : ‘Je n’espère plus d’audace’… Il a reculé dans de nombreux domaines. » Sur le plateau de CNN, Matt Damon, l’ancien soutien très médiatique du candidat Barack Obama en 2008, résumait en mars dernier l’état d’esprit de beaucoup d’artistes et moguls hollywoodiens déçus de trois années de mandat démocrate à la Maison Blanche.
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Une sortie très remarquée (le président lui-même s’était fendu d’une réponse), plutôt inhabituelle dans l’agenda promo d’un acteur, mais qui a semblé lever beaucoup d’inhibitions chez la base démocrate d’Hollywood, où l’on n’hésite plus à confier son amertume à l’égard du président Obama. Depuis les déclarations de Matt Damon, d’autres anciens militants people ont rejoint la liste des déçus : Michael Moore, Robert Redford, Will.i.am (très actif pendant la campagne de 2008)….
Une liste qui risque de s’allonger ces prochains mois selon le magazine The Wrap, alors que la Maison Blanche annonçait hier la visite de Barack Obama lundi 26 septembre à Los Angeles. Objectif : renouer le contact avec les artistes et industriels hollywoodiens, mais surtout lever des fonds pour sa campagne de réélection de 2012, dont tous les indicateurs (popularité, finance) sont pour l’instant au rouge.
http://youtu.be/IIvEMgDooWc
Les donateurs déserteurs
Le Président Obama n’était plus allé à Los Angeles depuis avril 2011, et sa visite aux studios de Sony Corporation (l’un des plus importants financiers hollywoodiens de la campagne de 2008). Il se rendra lundi prochain dans deux endroits stratégiques de l’industrie U.S (les restaurants House of Blues et Fig and Olive), pour deux banquets dont les places sont estimées entre 250 dollars et 35 000 dollars. Une infime partie des fonds levés pour 2012, un geste symbolique, mais qui permet déjà de donner le ton de la campagne et d’afficher ses soutiens.
Or cette année les soutiens seront plutôt rares selon The Wrap, qui recense la longue liste des absents : Ben Aflleck, Matt Damon, Robert de Niro, Leonardo DiCaprio, Georges Lucas, Barbara Streisand …autant de figures historiques de la frange démocrate d’Hollywood qui n’ont toujours pas envoyé de dons à Barack Obama. Des démissions en rafale qui pourraient porter un coup au budget de sa campagne 2012, dont l’entertaiment U.S représente une part non négligeable. Selon une récente étude du Center for Responsive Politics, les dons de l’industrie hollywoodienne s’élèvent ainsi à 2.53 millions de dollars pour le premier semestre 2011 (sur 39 millions collectés).
En tête des fidèles donateurs, le groupe de médias Comcast à participé à hauteur de 111 000 dollars pour le premier semestre, devant les studios DreamWorks (107 400 $), Sony (95 900 $) et Disney (84 600 $). Si le futur candidat à sa réélection, Barack Obama, pourra compter sur ces quelques fidèles donateurs (mais aussi George Clooney, Tom Hanks, ou le président de la Warner, Jeff Robinov), il devra néanmoins trouver le moyen de renouer la communication avec une industrie hollywoodienne de plus en plus critique à l’égard de son mandat.
Satires et écolo warriors
Depuis plusieurs mois, la côte de l’ancien champion démocrate accuse une chute vertigineuse dans les médias et l’industrie hollywoodienne. Les aveux d’échec se multiplient dans la presse ; Barack Obama, comme George W. Bush à son époque, est la cible des shows satiriques de Jon Stewart ou Bill Maher ; Michael Moore invite Matt Damon à se présenter à l’élection… Ecologie, santé, éducation, protection sociale, emploi : les points de discorde sont nombreux entre le Président et ses anciens soutiens qui, comme Robert Redford, n’hésitent plus à exprimer publiquement leur opposition.
Dans une tribune publiée début septembre sur le site du Huffington Post, intitulée « Is the Obama Administration Putting Corporate Profits Above Public Health? », le patron de Sundance et écolo warrior reconnu dénonce la politique écologique « désastreuse » de Barack Obama. « Une raison pour laquelle j’ai soutenu le président Obama, c’est parce qu’il disait que nous devons protéger l’air pur, l’eau et les terres » explique Robert Redford, qui regrette les nouvelles mesures « anti-écologiques » prises par le Président « sous la pression des lobbys ». Un nouveau soutien perdu, dont la voix aura probablement beaucoup d’écho dans l’électorat vert américain.
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