A l’été 2018, l’actrice britannique annonçait qu’elle quittait la série “The Affair”. Un an et demi plus tard, le “Hollywood Reporter” révèle que ce départ était dû à un “environnement de travail toxique” et à la récurrence de scènes de nudité imposées.
Ruth Wilson, interprète du personnage d’Alison dans The Affair, a surpris les fans de la série en quittant sans explication l’aventure à l’été 2018. A la suite de son départ, l’actrice britannique était restée très vague face à la curiosité des journalistes. Elle avait en effet déclaré au New York Times cet été-là : “Il ne s’agit pas de parité, et il n’est pas question d’autres offres de travail, mais je ne suis pas vraiment autorisée à en parler », assurant que c’était “bien plus que ça”. Elle avait alors redirigé les journalistes vers Sarah Treem, showrunneuse de la série produite par la chaîne Showtime, pour plus d’informations.
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Un “environnement de travail toxique”
Le 18 décembre dernier, le Hollywood Reporter a publié une enquête sur l’affaire. Un an et demi après les événements, les journalistes Bryn Elise Sandberg et Kim Masters font la lumière sur le départ inexpliqué de Wilson et révèlent qu’un “environnement de travail toxique” et la récurrence de scènes de nudité imposées ont incité l’actrice à quitter le projet.
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Longtemps avant son départ, l’actrice avait exprimé sa volonté de partir à cause de “frustrations répétées dues à la nudité qu’on lui imposait, à des frictions avec Treem au sujet de la direction de son personnage et à ce qu’elle ressentait comme un ‘environnement de travail hostile’”, ont expliqué des témoins.
Wilson dénonçait la fréquence et la nature de certaines scènes de sexe jugées non nécessaires par certains témoins, qui pointent le caractère purement provocateur de certaines d’entre elles. Si un.e acteur.trice signe avant le tournage un contrat stipulant le recours à la nudité pour certaines scènes, il/elle peut néanmoins exprimer son refus face à certaines demandes, et la production ne peut en aucun cas ignorer ce choix. Des témoins ont précisé que Wilson s’était plainte à plusieurs reprises de la récurrence des scènes dénudées mais qu’elle n’avait pas été entendue et qu’on l’avait dès lors considérée comme une actrice “difficile”.
Une stratégie de persuasion rétrograde
Face à la résistance de certain.es acteur.trice, la showrunneuse Sarah Treem n’hésitait pas à user de la stratégie du compliment. “Tout le monde t’attend… Tu es très belle”, disait-elle. Un outil de persuasion qu’une source juge rétrograde, estimant que ces mots auraient eu leur place dans la bouche d’un homme des années 50.
Treem a nié avoir tenu de tels propos : “Je ne dirais jamais des choses pareilles à un acteur. Je ne suis pas cette personne. Je ne suis pas manipulatrice, et j’ai toujours été une féministe”, a-t-elle déclaré, ajoutant qu’elle a “tout fait pour que [Wilson] se sente à l’aise avec ce genre de scène (…) La raison pour laquelle j’ai créé The Affair était de mettre en lumière l’expérience des femmes, qui évoluent dans le monde d’une manière si différente de celle des hommes”.
Des propos déplacés
Des témoins expliquent qu’un moniteur de contrôle – un écran qui permet de visualiser les images tournées sur un plateau -, parfois laissé sans surveillance, permettait à quiconque d’observer le tournage des scènes de sexe. L’enquête du Hollywood Reporter raconte que Wilson avait un jour refusé de tourner une scène de viol. La doublure qui l’avait remplacée avait elle-même fini par porter plainte contre la chaîne Showtime pour sexisme après des propos déplacés d’un assistant du réalisateur.
Le comportement de Jeffrey Reiner, le producteur exécutif de The Affair, lors d’un dîner avec l’équipe de la série Girls, y est aussi rapporté. Pas tout à fait sobre, il aurait témoigné son admiration pour Lena Dunham, créatrice et interprète de la série : “Tu montrerais tout toi, même ton trou du cul”, lui aurait-il dit, d’après Jenni Konner, productrice de Girls. Reiner aurait même demandé à Dunham de dîner avec Ruth Wilson afin de la convaincre de “montrer ses seins, ou au moins un peu de son sexe”. Il aurait ensuite montré une photo d’une actrice avec un pénis près de son visage, prise lors du tournage de la série.
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Une industrie coquine
Si le déroulement exact de cette conversation n’a pas été établi, l’événement a néanmoins perturbé l’équipe de The Affair, que Sarah Treem a tenté de rassurer, en vain, avec un mail où elle déclarait : “C’est une industrie coquine, et nous créons une série avec beaucoup de contenu sexuel… Mais nous voulons que ce caractère sexy se cantonne à l’écran. Hors cadre, nous voulons nous assurer que vous vous sentez en sécurité et protégés”.
A la suite des inquiétudes exprimées par Ruth Wilson auprès de Showtime en février 2017, la chaîne a ouvert une enquête interne, dont les résultats demeurent inconnus. Mais Reiner a quitté la série après la troisième saison et Wilson a tourné la totalité des scènes de son personnage pour la saison 4 et a finalement quitté la série à l’été 2018.
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