Premier long métrage de Christophe Blanc, Une Femme d’extérieur est un film superbe, risqué, imparfait, enivré de son propre parfum, mais toujours vivant, vibrant et souvent, excusez le gros mot, bouleversant. Jacques, un cadre moyen (Serge Riaboukine, immense), quitte son épouse Françoise (Agnès Jaoui, énorme) et ses deux filles pour filer avec sa jeune amante. […]
Premier long métrage de Christophe Blanc, Une Femme d’extérieur est un film superbe, risqué, imparfait, enivré de son propre parfum, mais toujours vivant, vibrant et souvent, excusez le gros mot, bouleversant. Jacques, un cadre moyen (Serge Riaboukine, immense), quitte son épouse Françoise (Agnès Jaoui, énorme) et ses deux filles pour filer avec sa jeune amante. Françoise résiste mal au choc, glisse petit à petit dans la dépression et se met à gentiment déjanter. Ici, pas de scénario conceptuel, pas de dispositif de mise en scène complexe, pas de plans m as-tu-vu ou de cybercinéma : tout le fragile équilibre de l’affaire tient dans la justesse des dialogues (et des silences), dans la capacité des comédiens à faire oublier leur travail pour faire corps avec leur personnage, dans l’alchimie vibrante qui s’opère avec la caméra qui les regarde et épouse chacun de leurs gestes. Le film nous place ainsi dans un processus d’empathie profonde, si ce n'est d'identification, mais qui ne relève jamais d’un naturalisme mièvre : comme tout bon cinéaste réaliste, Christophe Blanc filme le lent processus de démolition d’une vie – mais aussi les bouleversements féconds qui peuvent pousser sur un échec – en ne forçant ni sur les qualités ni sur les défauts de ses protagonistes. Il essaie de respecter la vérité de leur comportement, de leur parcours, de leurs relations, sans plaquer de discours surplombant les situations. Et si Une Femme d’extérieur s’autorise quelques petites longueurs et faiblesses, voilà en tous cas un film qui invente des corps, de la circulation, des durées, un pouls, un film qui ose réinventer ce bon vieux réalisme en passe d’être définitivement remisé par l’ère AOL, qui brille parfois d’éclats pialatiens tout en restant, sans l’ombre d’un doute, un film de Christophe Blanc. On prend en bloc.
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