Ils ont vieilli, mais ils sont toujours aussi antipathiques : Guillaume Canet recycle les personnages des “Petits Mouchoirs” dans une suite dépourvue de la moindre bonne idée. Pénible et inutile.
Il existe un « mystère Canet » : comment le gendre idéal qu’il est pour une partie du public peut-il produire un cinéma qui fréquente les sommets de la Dune du Pilat (certes peu élevée) en matière de beauferie et de grossièreté ? Rappelons que dans Rock’n Roll, sa réalisation précédente, Canet essayait de nous faire rire pendant vingt minutes avec un « mal de couille » vraiment gênant (pour lui).
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Quasiment dix ans ont passé, et le deuxième volet des Petits Mouchoirs se montre à la hauteur du premier : vulgarité permanente, personnages creux, médiocres et antipathiques englués dans des problèmes qui se résoudront tous miraculeusement à la fin du film sans qu’on comprenne comment, gags pas drôles, etc.
Autre symptôme du « mystère Canet » : les hommages ratés
On retrouve aussi Joël Dupuch, l’ostréiculteur, qui déversait un sac de sable et sa morale à deux balles sur la tombe de Jean Dujardin dans Les Petits Mouchoirs… Le « mystère Canet » serait-il un avatar du « cas Claude Lelouch », ce réalisateur qui déborde d’idées mais qui se montre incapable de jeter les mauvaises et de garder les (rares) bonnes ?
Autre symptôme du « mystère Canet » et du diptyque Mouchoirs : les hommages ratés. Le titre du film se veut un hommage à Nous ne vieillirons pas ensemble de Pialat (que Canet dit vénérer), mais on ne voit pas du tout ce que Pialat vient faire là. Pour Les Petits Mouchoirs, Canet avait évoqué Claude Sautet… Alors qu’on reconnaît surtout chez lui l’influence de Jean-Marie Poiré ou Marc Esposito.
Canet se montre naïf et pesant dans sa volonté de faire clignoter sans répit les signes du contemporain : Benoît Magimel (qui, on s’en souvient, déclarait soudain à François Cluzet, terrifié, qu’il était homosexuel) débarque avec son compagnon. L’ex-femme de Magimel (Pascale Arbillot) passe son temps dans des rendez-vous Tinder.
Le personnage de Laurent Lafitte est le plus maltraité par le film, le seul qui ne bénéficiera d’aucune miséricorde divine. Il ne lui arrive que des malheurs (œdème de Quincke, chute de bateau, râteaux amoureux, etc.) et il est devenu le larbin de Gilles Lellouche. Cotillard la baba cool pleurniche moins.
« Non, pitié, tout mais pas ça… »
Elle a maintenant un fils, mais elle ne l’aime pas. Heureusement, elle connaîtra une rédemption finale à la suite d’un sauvetage en barge d’ostréiculteur épique à côté duquel le naufrage du Titanic ressemble à une promenade en barque sur le lac du bois de Vincennes. Il y a aussi des enfants, mais ce ne sont que des petits rouages scénaristiques.
A la fin du film, quand le fantôme de Jean Dujardin apparaît à Cluzet et, pouce levé, lui adresse un clin d’œil, on se dit : « Non, pitié, tout mais pas ça… » Et si.
Nous finirons ensemble de Guillaume Canet, avec François Cluzet, Marion Cotillard, Laurent Lafitte, Gilles Lellouche… (Fr., 2019, 2h15)
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