Fyzal Boulifa signe le double portrait d’une mère et son fils dans un Maroc aussi dur que dangereux. Puissant.
Le Maroc. Fatima-Zahra (Aïcha Tebbae), la cinquantaine, 17 ans (Abdellah El Hajjouji, extraordinaire jeune acteur), forment un duo fusionnel : mère et fil dorment dans le même lit, collé·es l’un à l’autre. Fauchée, la paire erre de garni en garni, de ville en ville, sans jamais pleurer ni se plaindre. Sans que rien ne soit dit ni vraiment montré, nous comprenons que Fatima-Zahra se fait entretenir par des hommes, doit parfois se prostituer et quitter une ville dès que tout dégénère.
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Selim, lui, va découvrir l’amour à Tanger, avec un Français (Antoine Reinartz), un “chrétien” qui restaure des riads. Tandis que sa mère semble avoir trouvé un homme “fiable”, bon croyant, travailleur, qui cherche une femme pour “suppléer” la sienne qui a sombré dans une dépression…
Une étonnante douceur
Ce qui est beau, dans ce deuxième long le premier n’est pas sorti en France) réalisé par un Britannique d’origine marocaine (Fyzal Boulifa, court-métragiste plusieurs fois récompensé), c’est qu’il ne juge pas ses personnages. Il ne les caricature pas, les éclaire sous des jours différents, au sens figuré comme au sens propre, tant la photo et les cadres parfaits embellissent ces protagonistes et les rendent multiples. Sans haine, avec une étonnante douceur, Boulifa décrit un Maroc très dur pour les femmes qui rêvaient de liberté. Et où les Occidentaux jouent impunément avec les sentiments et le corps des damné·es. Un très beau film.
Les damnés ne pleurent pas de Fyzal Boulifa, avec Aïcha Tebbae, Abdellah El Hajjouji, Antoine Reinartz (Fr., Bel., Mar., 2022, 1h51). En salle le 26 juillet.
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