Le portrait étonnant d’un réalisateur-producteur-acteur afghan de films Z.
Salim Shaheen est un acteur-réalisateur-producteur très populaire dans son pays, l’Afghanistan. Cet homme rondouillard et amène a tourné plus de cent films avec des moyens rudimentaires : des films d’action, avec bourre-pifs, scènes de comédie musicale et romance, un peu n’importe quoi. Il tourne avec des membres de sa famille, toujours les mêmes copains un peu foutraques. Pendant les tournages, il engueule tout le monde, à la Mocky, toujours pressé d’en finir.
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Ce malade de cinéma a commencé à produire des films sous l’occupation russe, en plein combats, alors qu’il était officier dans la résistance… Avec ses soldats. Pour se distraire. Personnage étrange, matois, séducteur, Salim Shaheen fait un peu peur.
Sonia Kronlund (la réalisatrice, également productrice d’une émission sur France Culture) le suit partout, et elle a souvent peur, elle aussi, parce qu’il l’entraîne dans des quartiers et des zones plutôt dangereuses, tout en garantissant qu’il ne se passera rien. Et il est vrai que le film permet, au-delà de ce personnage haut en couleurs, de découvrir un pays dont on n’a que des images de guerre, archétypales : des montagnes pelées. Kronlund, grâce à Shaheen, nous en montre bien plus.
Mais surtout, Nothingwood (allusion ironique à Hollywood, évidemment), nous ouvre sur des gens aux mentalités contrastées, tiraillées, voire contradictoires. Tous les hommes sont mariés, ont souvent plusieurs femmes, plein d’enfants, mais acteurs-saltimbanques ou pas, ils ont tendance à les cacher, surtout les femmes… Le pitre devenu « nabab » du cinéma aghan est aussi un homme qui obéit aux traditions, qui s’y plie.
Pour ne pas avoir de probèmes ? Sans doute aussi. Bien étrange pays, vraiment. Et le portrait étonnant d’une artiste dingue.
Pour retrouver toutes les notes de nos critiques c’est ici.
Nothingwood documentaire de Sonia Kronlund
A la Quinzaine des Réalisateurs
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