Une image circulaire sert de cadre à une satire de la société chinoise. Etrange.
Esthétisant et romanesque, ce film chinois n’a pas de rapport évident avec l’œuvre de Flaubert, comme il le claironne pourtant. Cet anti-titre est lié au fait que l’héroïne, Li Xuelian, divorcée qui sème la zizanie dans les tribunaux et les administrations, se défend d’être l’équivalent de Pan Jinlian, célèbre meurtrière de son époux ; une figure mythique inconnue ici que les distributeurs ont abusivement assimilé à Emma Bovary. Cela dit, c’est une satire plutôt piquante des mœurs procédurières et des cafouillages de l’administration chinoise.
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Le cadre circulaire, référence à la tradition picturale chinoise
Donc, Li Xuelian, marrie de voir son ex-conjoint se remarier, alors qu’ils avaient divorcé pour de faux (des histoires d’argent), ameute la terre entière pour que ce divorce soit annulé. Le mari a en effet profité de l’aubaine pour se libérer de la mégère. Au-delà de cette semi-farce alerte et mouvementée, ce qui en fait une vraie curiosité, presque rebutante au départ, c’est la forme ronde de l’image pendant une partie du film. Du jamais-vu dans une fiction classique.
Ce cadre circulaire, référence à la tradition picturale chinoise, alterne avec un format presque carré, et donne d’abord l’impression d’un gimmick esthétisant. C’en est un. Mais la densité du récit et ses rebondissements relativisent cet effet, qui reste avant tout un écrin singulier. Bref, on a là une satire naturaliste très ample, assimilable en même temps à un délicat objet exotique. En somme, une miniature romanesque.
I Am Not Madame Bovary de Feng Xiaogang (Chi., 2017, 2 h 18)
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