Déambulation dans le Naples de l’enfance de son héros, “Nostalgia” abuse d’une mise en scène impressionniste et manque au final de profondeur.
Après avoir fui sa ville natale de Naples au seuil de l’âge adulte, Felice (le charismatique Pierfrancesco Favino) y revient quarante ans après pour s’occuper de sa vieille mère. Marié au Liban et désormais plus à l’aise en arabe qu’en italien, il renoue avec son quartier de La Sanità, domaine de la pègre napolitaine, et avec le souvenir ému de son meilleur ami d’autrefois, aujourd’hui devenu chef de gang.
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Naples, la mafia et les amours adolescentes
Prétexte pour filmer une déambulation dans les rues napolitaines chères au cœur du cinéaste, Nostalgia fait preuve d’une certaine retenue vis-à-vis des images habituellement associées à la ville. Si la Camorra est bien présente, elle n’est visible que comme une ombre au sommet d’une maison, un coup de feu au loin, un regard de travers dans la rue ou un graffiti menaçant au mur. Martone montre d’abord la ville comme une sorte de royaume de Peter Pan, peuplé de jeunes et gouverné par des vieux eux-mêmes hantés par leur jeunesse. Il y a dans le film quelques scènes vraiment belles, comme lorsque Felice baigne sa mère, renversant leur rapport de soin et la renvoyant à son tour en enfance.
Et pourtant, on s’ennuie un peu. À force d’être allusif et d’amasser les madeleines de Proust, la mise en scène en devient lassante. Le portrait impressionniste de la ville et de l’enfance de Felice se cantonne à une élégante caresse qui reste en surface. Et la rencontre tant attendue entre les deux amis d’enfance ne déclenche pas le bouleversement espéré. Trop pudique aussi les allusions à leur homosexualité adolescente et refoulée. Comme à la vieille époque du Code Hays, elle passe par des sous-entendus sexuels métaphoriques vieillots et une sanction finale dont le film se serait bien passé.
Nostalgia de Mario Martone, en salles le 4 janvier 2023.
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