Le festival de Toronto propose une nouvelle fois une sélection riche et variée. Retour sur nos plus grosses attentes.
Comme tous les ans, le Festival International du Film de Toronto (ou TIFF) devrait permettre la révélation de nombreux films – en grande partie américains – au point de possiblement les lancer dans la course aux Oscars. Beaucoup d’auteurs prestigieux et de propositions fascinantes ont retenu notre attention, en plus de révéler une concordance des médias qui floute de plus en plus les frontières d’une industrie sclérosée.
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Du super-vilain, du whodunit, du drame chilien ou encore des œuvres distribuées par Netflix, une certaine variété se dégage de cette sélection, qui sera révélée au monde 5 au 15 septembre. En ayant pris soin de ne pas compter les œuvres déjà vues dans d’autres festivals (à commencer par Cannes), voici les 13 films que l’on a hâte de découvrir.
Uncut Gems, de Benny et Joshua Safdie
Après l’époustouflant Good Time, les frères Safdie s’offrent les services d’Adam Sandler pour un thriller criminel. L’acteur y incarne Howard Ratner, un joaillier et revendeur new-yorkais qui doit réagir lorsque sa marchandise est volée. Le duo de réalisateurs prodiges semble ainsi proposer une œuvre nerveuse dans la continuité de leur précédent film, ce qu’a d’ailleurs confirmé Cameron Bailey, le directeur artistique du Festival de Toronto, au micro d’IndieWire : « C’est le film le plus Safdie que vous pourrez voir. Ça fonce à 100 à l’heure. C’est épuisant à voir, et Adam Sandler y livre sa meilleure performance depuis Punch-Drunk Love ».
A noter que le film a été tourné en 35mm, et a pour directeur de la photographie le brillant Darius Khondji. Dommage que la France se contente de voir le long métrage à domicile, puisque Netflix a récupéré les droits à l’international.
The Laundromat, de Steven Soderbergh
Après les Pentagon Papers, Meryl Streep fait un bon dans le temps et se retrouve en 2016, en plein scandale des Panama Papers, ces documents ayant révélé l’existence de plus de 200 000 sociétés offshore, ainsi que leurs actionnaires. Ce qui nous intéresse ici, c’est que Steven Soderbegh se tient derrière la caméra, et on aime lorsque le réalisateur s’attaque à des croisades incroyables et des quêtes de vérité salvatrices. Tiendrait-on là un héritier d’Erin Brockovich ?
A couteaux tirés, de Rian Johnson
Après la réception mitigée de Star Wars : Les Derniers Jedi, Rian Johnson revient à ses premiers amours, à savoir des films-puzzles dont la précision n’a d’égale que la jouissance. Doté d’un casting impressionnant (Daniel Craig, Chris Evans, Ana de Armas, Jamie Lee Curtis et bien d’autres), A couteaux tirés promet de renouer avec le whodunit à l’ancienne, dans une ambiance et une mécanique d’écriture inspirées par Agatha Christie. Au vu de la minutie dont est capable le cinéaste, notamment dans la peinture de non-dits qui empoisonnent des vies, on demande à voir.
Marriage Story, de Noah Baumbach
Netflix avait déjà distribué The Meyerowitz Stories, et la plateforme de streaming se chargera à nouveau du dernier film de Noah Baumbach, qui fera d’abord un passage à Toronto. Porté par Scarlett Johansson et Adam Driver, Marriage Story devrait disséquer la fin de vie d’un couple, sur le point de divorcer. Outre le choix de casting alléchant (le duo de comédiens sera d’ailleurs accompagné par Laura Dern et Ray Liotta), le long métrage pourrait être une nouvelle analyse soignée des rapports humains, point fort d’un cinéaste trop souvent réduit à un néo-Woody Allen.
Radioactive, de Marjane Satrapi
Cinq ans après The Voices, la réalisatrice et auteure de BD Marjane Satrapi revient avec un nouveau film, qui clôturera le festival de Toronto. Il s’agit d’un biopic autour de Marie Curie, projet ambitieux qui s’attardera sur une véritable icône de l’histoire française, ainsi que sur les conséquences de son travail sur le monde de la science. Et en plus, c’est Rosamund Pike qui tiendra le rôle principal. En bref, ça fait très envie.
Joker, de Todd Phillips
Alors que Toronto met plutôt en avant un cinéma américain indépendant, on peut s’étonner de voir dans sa sélection une adaptation de comic-books. Cependant, le Joker de Todd Phillips est un projet très différent du tout-venant super-héroïque, en partie à cause de son budget assez modeste, qui le privera donc de grandes scènes d’action grandiloquentes.
En réalité, le film cherche plutôt à puiser du côté de Taxi Driver, en dépeignant la folie naissante de l’une des icônes de l’univers DC, incarnée ici par le flamboyant Joaquin Phoenix. Par ailleurs, son réalisateur a affirmé inventer une histoire totalement originale, qui ne tiendra pas compte des bandes dessinées. De quoi engendrer une œuvre clivante à l’heure où le canon des comics semble aussi formaté qu’intouchable. En attendant de savoir ce que vaut le film, la prise de risque est à saluer.
Ema, de Pablo Larraín
De retour avec un film chilien, Pablo Larraín va proposer de traiter avec Ema d’un sujet qui a une place toute particulière dans les sociétés d’Amérique du Sud : l’adoption. Il y décrira un couple dont le foyer va s’effondrer, alors que leur demande d’adoption n’aboutit pas. Le personnage principal sera un chorégraphe, ce qui devrait apporter dans le long métrage un travail soigné sur la danse et le mouvement des corps.
Motherless Brooklyn, d’Edward Norton
Pour sa deuxième réalisation, Edward Norton s’entoure de Bruce Willis et Willem Dafoe pour un drame policier dans les années 50. Le cinéaste devrait puiser dans l’héritage du film Noir tout en le pervertissant, ne serait-ce qu’au travers de son héros, détective atteint du syndrome Gilles de la Tourette. En enquêtant sur le meurtre de son mentor, l’homme va plonger dans les méandres de New-York, jusqu’à faire face à de terribles révélations.
Le Mans 66, de James Mangold
James Mangold a aussi su passer intelligemment par la case super-héroïque (Logan) après une carrière riche, révélant un auteur sachant reprendre à son compte le perfectionnement de la mise en scène de l’Age d’or hollywoodien. Avec Le Mans 66, le cinéaste s’offre un biopic sur l’ingénieur automobile Carroll Shelby (Matt Damon) et le pilote de course Ken Miles (Christian Bale). Ensemble, pour le compte de l’écurie Ford, les deux hommes défient l’ordre établi afin de construire une voiture capable de battre celle de Ferrari lors des 24 heures du Mans de 1966.
La mise en scène stylisée vue dans la bande-annonce nous promet un véritable western moderne, ce qui n’étonne guère quand on sait à quel point Mangold aime s’interroger sur la thématique de la transcendance (qu’il s’agisse de la Conquête de l’Ouest ou ici de la vitesse) inhérente à l’idéologie américaine.
Just Mercy, de Destin Daniel Cretton
Avant de se retrouver aux commandes d’un prochain Marvel (eh oui, lui aussi), le réalisateur Destin Daniel Cretton, à qui l’on doit le sublime States of Grace – l’un des films qui a révélé Brie Larson – sera de retour avec l’adaptation d’une histoire vraie, celle du jeune avocat Afro-américain Bryan Stevenson. Dans les années 80, ce prodige tout droit sorti d’Harvard lance sa carrière en Alabama, notamment pour rendre justice à ceux qui ont été accusés à tort.
Michael B. Jordan incarnera cette figure dénonciatrice d’un racisme ambiant, épaulé par Brie Larson et Jamie Foxx. Si le cinéaste y retrouve la finesse de son petit chef-d’œuvre, on pourrait tenir là un film brillant sur une injustice institutionnalisée et on ne peut plus actuelle.
Jojo Rabbit, de Taika Waititi
En pleine Seconde Guerre mondiale, un enfant allemand fantasme un ami imaginaire, qui n’est autre qu’Adolf Hitler. De ce concept ô combien surprenant, le trublion Taika Waititi semble tirer une comédie noire grinçante et délirante. Pour un réalisateur qui a toujours su capter avec justesse l’enfance et ses déboires, on attend de voir ce qu’il peut tirer de ce récit « initiatique » pour le moins original.
Guest of Honor, d’Atom Egoyan
Toujours autant fasciné par la justice, Atom Egoyan devrait faire couler pas mal d’encre avec son nouveau projet. Le pitch ? Un père fait face à sa fille, âgée d’une vingtaine d’années et se trouvant en prison pour une agression sexuelle dont elle se sait innocente. Cependant, elle veut rester dans sa cellule. Intrigante, cette proposition devrait avoir un écho particulier en pleine période #MeToo. Reste à savoir comment le cinéaste mettra ses enjeux en scène.
A Beautiful Day in the Neighborhood, de Marielle Heller
Dans ce biopic parfaitement calibré pour les Oscars, Tom Hanks incarne Fred Rogers, un monument de la télévision qui a accompagné de 1968 à 2001 des millions de spectateurs américains avec son programme éducatif Mister Rogers’Neighborhood. Si l’on espère que le long métrage Marielle Heller ne jouera pas trop la carte du tire-larmes, sa mise en scène entièrement pensée à la gloire de son comédien devrait proposer un récit touchant sur l’altruisme et la façon dont un seul homme peut fédérer le monde.
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