Pour son premier long métrage initiatique sur une ado en quête de liberté, la réalisatrice québécoise Geneviève Albert n’évite pas les écueils inhérents au genre.
Il suffit de quelques secondes de film pour reconnaître dans Noémie dit oui tous les ingrédients d’un coming of age à tendance néo-réaliste, où l’habituel récit d’apprentissage et la mise en scène des premières fois par caméra embarquée se cognent au réel et à l’origine sociale de son ou de sa jeune protagoniste.
Ici Noémie, quinze ans, deux ans passés dans un centre pour jeunes et bientôt en fuite quand sa mère refuse subrepticement le jour de son audience de la reprendre. Ainsi brisé, l’élément qui devait voir Noémie réinsérer une vie pauvre mais plus rangée se change en un prétexte d’échappée et ouvre pour la jeune fille un interstice (le temps du film) où elle croit pouvoir toucher à une liberté que sa précarité sociale et affective lui interdisent.
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Un regard maladroit
Noémie, après avoir dit non, finit par céder et se retrouve finalement escort pour les beaux yeux de son amoureux de mac. Elle a pour horizon la promesse d’un voyage au long cours à deux et d’une vie nouvelle. Il y a comme un paradoxe dans Noémie dit oui, qui rejoint sans doute involontairement l’ironie ambiguë de son titre ; un paradoxe lié à la représentation de ces protagonistes.
Alors que l’on reconnaît trop vite Noémie et l’image-prototype qui l’enchaîne, boule de nerf écorchée vive pleine de fureur et de désespoir, les clients de passe, eux, sont soumis à un regard neuf. Un élargissement des profils s’opère et c’est une sociologie nouvelle de la prostitution, éloignée de toute diabolisation, que semble proposer avec justesse le film.
Difficile alors de saisir l’intérêt du sort supplicié (et si familier) réservé à son héroïne et de percevoir dans cette traversée de souffrance, tout entière accrochée à un personnage à qui rien n’est épargné, autre chose que l’observation un rien complaisante d’un chemin de croix dont on décèle les pièges avant même que sa jeune héroïne ne s’y englue.
Le principe systématique de mise en scène qui consiste à décadrer et à rendre à moitié hors-champ toutes les scènes de sexe fixe et parachève la maladresse d’un regard qui voudrait contourner l’évidence du cliché mais s’y accroche fermement.
Noémie dit oui de Geneviève Albert, en salle le 26 avril.
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