Dans « Tueurs nés », Oliver Stone piquait une crise de nerfs. Dans « Nixon », les spectateurs piquent un roupillon.
Après JFK, Oliver Stone ouvre un autre gros dossier de l’histoire américaine contemporaine : Nixon. Entre-temps, il a réalisé Tueurs nés, trip postmoderne dans la violence US, hypnotique et syncopé, trash et ultrarapide, zébré de couleurs, de noir et blanc, de dessins animés et de vidéo amateur. Il reste des traces de cette effervescence stylistique dans Nixon. Stone enfonce son clou l’Amérique est un grand corps malade et il tient à l’enfoncer à sa manière, en faisant bien comprendre qu’il s’agit d’une fiction et pas d’un documentaire faussement objectif. Le carton d’ouverture précise d’ailleurs qu’il s’agit d’une « fusion dramatique de faits historiques, d’interprétations et de conjectures ». Après tout, Stone peut bien avancer ce qu’il veut (la mère du petit Richard lui expliquant que c’est mal de mentir, présenté comme le trauma primitif), comme il veut (l’avalanche de fondus au blanc en guise de signature), au risque
de l’indigestion carabinée. Il s’est mis au logiciel de trucages Flame, ce qui s’avère vite épuisant, voire déroutant lorsqu’il fait succéder à une scène dans laquelle l’acteur Anthony Hopkins (qui joue Nixon) « rencontre » le vrai Mao Tsé-toung, un plan dans lequel le même Hopkins est assis à côté
d’un acteur jouant Mao. Erreur de montage ? Abus de LSD ? Irruption de Karl Zéro aux manettes ? Quoi qu’il en soit, très vite l’ennui s’installe, implacable, et pour très longtemps : trois heures et dix minutes quand même ! Le festival de grimaces d’Anthony Hopkins n’y est pas pour rien.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}