Nicolas Saada, réalisateur de « Taj Mahal » sur les attentats de Bombay, est revenu avec nous sur les événements survenus vendredi 13 novembre à Paris.
Comment montrer le terrorisme au cinéma ? C’est la question soulevée par Taj Mahal, le nouveau film de Nicolas Saada revenant sur les attentats de Bombay, survenus entre le 26 et le 29 novembre 2008, qui sera sur les écrans le 2 décembre prochain. Suite aux évènements tragiques qui se sont déroulés à Paris, vendredi 13 novembre, nous avons rencontré le cinéaste.
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Tu t’apprêtes à sortir Taj Mahal, film en immersion dans les attentats de Bombay en 2008. Le lien entre ton film et les événements (notamment le Bataclan) t’a-t-il de suite frappé ?
Nicolas Saada – Oui. Le mode opératoire entre les attentats du 13 novembre et ceux de Bombay est le même. J’ai eu un sentiment de grande angoisse, comme si le film avait anticipé ce que je voyais à la télévision. Ce film est né d’une intuition, puis d’une rencontre avec une jeune femme rescapée de ces attentats, et d’une envie de raconter cet événement parce que je pensais nécessaire et important d’en laisser une trace.
Dans Taj Mahal, on est tout le temps avec les victimes, on ne voit jamais les terroristes, on les entend seulement – sauf dans quelques documents télévisuels vers la fin. Pourquoi ce choix de ne jamais filmer les assaillants ?
Je voulais prendre le contrepied des fictions classiques sur le sujet, épouser uniquement le point de vue d’une victime. Je voulais que le spectateur ressente d’abord intimement cette terreur et cette impuissance de toutes les victimes. Je devais presque moralement garder ce point de vue. Montrer les terroristes aurait été une erreur.
Le regard du personnage joué par Stacy Martin dans les dernières scènes est-il l’incarnation de celui du peuple parisien/français aujourd’hui ?
Je me suis battu jusqu’au bout pour conserver cette dernière scène dans le film. Je l’ai gardée pour des raisons qui m’échappent, par intuition pure, pour “rendre” le film à son personnage, autant qu’à l’actrice. Mais oui, Stacy à la fin du film, c’est peut-être nous tous.
On se sent tous impuissants face à cette terreur, on s’en remet aux institutions politiques, judiciaires, policières… Néanmoins, on peut poser la question : que peut le cinéma face à de telles situations ?
Le cinéma doit être le témoin de son temps et regarder le monde tel qu’il est. La violence de ce que traversent les victimes des attentats n’est pas communicable, mais si le cinéma peut transmettre ne serait-ce qu’un infime ressenti de ces expériences, c’est bien de le faire. Les films font partie de notre mémoire collective.
Taj Mahal de Nicolas Saada, en salles le 2 décembre prochain.
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