Un couple de Français moyens ouvre grand les fenêtres de son univers étriqué. Le troisième film d’Anne Fontaine s’essaie au grand nettoyage des mentalités.
Nicole et Jean-Marie, la quarantaine, mariés depuis quinze ans, un enfant, tiennent un pressing à Belfort. Couple moyen, âge moyen, profession moyenne, ville moyenne de province moyenne : d’emblée, Anne Fontaine situe son film dans une France banale, « sans histoire ». L’histoire va se déclencher lors d’un soir de goguette dans un cabaret. Le couple de teinturiers est troublé (surtout Nicole) par un couple de travestis (un frère et une sœur). Ils nouent des liens et se revoient. Tel le visiteur du Théorème de Pasolini, Loïc, le frère travesti, va entrer dans l’univers fermé et routinier du couple de blanchisseurs, déstabiliser leur petite vie et faire souffler sur leur existence le vaste appel de sensualité que Nicole réclamait inconsciemment. La réalisatrice sait utiliser toutes les ressources de la teinturerie, qu’elles soient documentaires ou métaphoriques. Le pressing induit bien une existence sous pression, l’obsession professionnelle de Jean-Marie pour le blanc immaculé ou le pli bien droit renvoie de suite à son idéal de vie propre et lisse… Quant aux connotations mentales et sexuelles du titre, elles n’auront échappé à personne. Ainsi, lorsque Jean-Marie enseigne à Loïc l’art du repassage de pantalon, remontant en douceur jusqu’à la braguette, c’est le refoulé homosexuel du personnage qui pointe immédiatement derrière les apparences. Mais Nettoyage à sec ne convainc pas entièrement. Peut-être parce que dans le cœur du film, après un démarrage rapide et avant une dernière partie crescendo, le spectateur se sent trop en avance par rapport à l’histoire.
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