Rien de révolutionnaire dans cette fresque qui sonne faux. Laetitia Casta s’en sort, elle, avec les honneurs.
Deux ans après Crustacés et coquillages, Olivier Ducastel et Jacques Martineau (auteurs du merveilleux Jeanne et le garçon formidable) se lancent dans un projet ambitieux : raconter la France des quarante dernières années à travers le portrait de trois amis de jeunesse (deux hommes, une femme). Ce type de fresque à rallonge, si l’on en juge par
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le succès de Nos meilleures années de Marco Tullio Giordana (film que nous détestons pour notre part, parce qu’il réveille chez le spectateur son goût pour les clichés sur l’Italie – Vespa, pâtes, curés et terrorisme, etc.), semble avoir son public.
Mais le genre est aussi casse-gueule. Savoir imbriquer élégamment l’intime et l’histoire sans que l’artifice soit visible demande un minimum de doigté, de maîtrise, de sens de la narration inné (comme on le trouve d’évidence chez Marjane Satrapi, ou bien une maladresse totale, une inconscience absolue mêlée de rouerie infinie, de goût pour le spectacle. Il faut un tant soit peu d’enfance, de naïveté à jouer à ce jeu-là, s’appeler Alexandre Dumas ou Sacha Guitry, aimer faire des enfants dans le dos à l’histoire, jouer le cliché tendrement, totalement, comiquement. Il aurait fallu aussi, au préalable, réussir à nous attacher aux personnages, pour que leurs mésaventures ne nous soient pas indifférentes. Mais Ducastel et Martineau font fausse route dès les premières scènes, et tout le reste est à l’envi. Manque de forme, de règles qu’on s’impose à soi-même. Dans Nés en 68, tout sonne faux, rien n’est fou.
Pour bien décrire l’utopie des années 60, il aurait fallu une absence totale de distance, y croire vraiment, paraître ne pas savoir ce que l’avenir (notre passé) va réserver aux personnages. Faire semblant, ne pas savoir au fond, mais croire et vivre en même temps qu’eux le présent. Mais non. Alors dans ce désastre très très long, on tente de se rattraper aux personnages. Laetitia Casta (quelle présence !) et Sabrina Seyvecou, les filles donc, s’en tirent avec les honneurs. Le reste du temps, quand elles ne sont pas à l’écran, on s’ennuie, on s’agace d’un tel échec, ou l’on se moque. Dommage.
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